Portfolio Aérospatiale

Les nouvelles technologies embarquent à bord

D’ici 10 ans, les aéronefs embarqueront de nouvelles technologies, qui ne seront pas forcément visibles pour les passagers. L’industrie aérospatiale connaîtra de profondes évolutions, avec l’intelligence artificielle au premier rang. La grappe aérospatiale québécoise nourrit de grandes ambitions pour encore mieux se positionner sur le plan international.

Quand on imagine à quoi ressemblera l’aérospatiale dans 10 ans, on peut rêver d’avions commerciaux futuristes, en forme d’aile volante pour certains, peut-être même à décollage vertical pour d’autres. Mais ces modèles seront encore à l’état de démonstrateurs technologiques.

Électrification et données

Au cours des années à venir, l’industrie de l’aérospatiale sera surtout marquée par l’adoption de nouvelles technologies, qui seront intégrées ensuite dans les avions de ligne. L’électrification sera un des principaux domaines d’innovation, avance Hany Moustapha, professeur et directeur de l’Aérospatiale 4.0 à l’École de technologie supérieure (ETS). Dans 10 ans, on ne verra pas de gros aéronefs de ligne volant à 100 % à l’électricité, mais des systèmes hybrides auront pris leur place, précise-t-il. Des composants actuellement hydrauliques et pneumatiques seront progressivement remplacés par d’autres fonctionnant à l’électricité, « pour des raisons environnementales et économiques, car ces composants électrifiés sont plus légers », précise M. Moustapha. Les matériaux à mémoire de forme et la fabrication additive seront de plus en plus présents en usine dans les années à venir, estime-t-il.

Une des plus grandes avancées à attendre est le traitement des masses de données produites par les aéronefs.

« Nous allons assister à un changement certain des compétences. L’industrie aura besoin de scientifiques des données pour analyser très vite en utilisant des méthodes statistiques. » — Hany Moustapha

Ces traitements permettront de détecter les incidents, voire de prévoir des maintenances préventives plutôt que des entretiens périodiques. Et la sécurité de ces données deviendra un enjeu majeur dans les années à venir, afin d’éviter toute fuite.

Une ouverture à d’autres secteurs, dont l’IA

Pour l’industrie québécoise, ces technologies en développement représentent des occasions favorables, à condition de savoir les saisir. Pour cela, le secteur peut bénéficier de l’activité de l’intelligence artificielle à Montréal, pointe Suzanne Benoît, PDG d’Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec. « D’ici 10 ans, nous voulons faire de Montréal la référence mondiale en matière d’innovation, affirme Mme Benoît. Un rapprochement avec le secteur de l’intelligence artificielle peut nous amener vers de nouveaux sommets. »

Le défi est important pour l’industrie aérospatiale, qui était habituée à fonctionner en vase clos en raison de la forte réglementation dans son domaine, observe Mme Benoît. « Pour être plus compétitive, notre grappe doit être plus ouverte sur d’autres secteurs », assure-t-elle. L’enjeu est particulièrement sensible quand il s’agit de travailler avec des acteurs de l’intelligence artificielle tournés vers la recherche fondamentale, alors que l’aérospatiale est en quête de solutions appliquées, poursuit-elle.

« L’intelligence artificielle est déjà au cœur des stratégies et des processus d’acteurs comme Bombardier, CAE, Pratt & Whitney Canada », observe Alain Aubertin, président du Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ). L’organisme est en attente d’une décision du gouvernement fédéral pour lancer le projet DEEL d’implantation de l’intelligence artificielle dans les systèmes critiques de navigation, en collaboration avec des partenaires français et québécois.

Le CRIAQ et ses partenaires visent ainsi à faire émerger une filière spécialisée dans les systèmes autonomes, de chaque côté de l’océan Atlantique. « Nous avons énormément de travail à réaliser pour expliquer comment pourrait fonctionner une assistance au pilotage basée sur l’intelligence artificielle, précise M. Aubertin. Et cela est indispensable pour permettre aux autorités de certifier ces systèmes. »

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