C Series

Le mariage pourrait être devancé

L’arrivée d’Airbus au sein du partenariat de l’avion C Series pourrait être officialisé un peu plus tôt que prévu, voire à temps pour le très important salon aéronautique de Farnborough, a rapporté hier l’agence Bloomberg. L’entente entre Airbus et Bombardier devait se concrétiser au cours de la deuxième moitié de 2018, soit après l’obtention des autorisations réglementaires. Il semble que ce processus réglementaire avance plus rondement que prévu. Le salon de Farnborough se met en branle le 16 juillet, et les deux partenaires gagneraient à pouvoir y mettre en marché conjointement les deux modèles de la C Series.

— Jean-François Codère, La Presse

L'actualité expliquée

Pour y voir plus clair sur Trump et le commerce

Quatre experts se prononcent sur la politique commerciale de l’administration Trump et ses chances de succès.

Un déficit commercial, est-ce que c’est « mal », comme le dit M. Trump ?

Ça dépend. « Une série de déficits commerciaux crée un endettement envers les autres pays, dit Jean-François Rouillard, professeur adjoint au département d’économie de l’Université de Sherbrooke. Dans l’intervalle, si on importe des biens, c’est qu’ils nous reviennent moins cher, alors il y a un avantage. Mais à long terme, c’est intenable. Un jour, on peut se faire dire non par les pays qui nous prêtent. » 

Joseph Gagnon, économiste au Peterson Institute for International Economics, précise qu’il est futile de s’attarder aux déficits dans les relations bilatérales, comme le fait l’administration Trump. « Les États-Unis ont un excédent avec l’Australie, qui a un excédent avec la Chine, qui a un excédent avec les États-Unis, dit-il. Ça ne veut rien dire. Il faut regarder la balance commerciale globale. »

En exportant moins qu’il n’importe en biens et services, un pays doit se financer à l’étranger. Est-ce mal ?

Encore une fois, ça dépend de ce qu’on fait avec l’argent. « C’est mauvais si vous financez les dépenses de consommation, dit Joseph Gagnon. Et c’est ce que nous faisons aux États-Unis : en fait, on finance notre déficit budgétaire et celui-ci va gonfler encore plus avec la réforme fiscale. » Et le problème est encore plus accentué avec la chute du taux d’épargne des Américains, souligne Jean-François Rouillard : « Si on épargne moins qu’on investit, on a besoin de plus de capitaux étrangers. »

Comment les États-Unis peuvent-ils accumuler des déficits commerciaux année après année tout en demeurant la plus puissante économie mondiale ?

Tous les présidents américains depuis 40 ans ont profité de la même conjoncture favorable pour financer leurs déficits commerciaux : le dollar américain est la devise refuge et la monnaie d’échange de la planète. « C’est ce qui est particulier, dit l’économiste Guy-Philippe Wells, auteur de la Chronique commerciale américaine, publiée par le Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation, à l’UQAM. Les étrangers souhaitent investir aux États-Unis : bons du Trésor, immobilier, etc. Ils injectent de l’argent dans l’économie américaine. » C’est ainsi que les États-Unis ont accumulé une dette extérieure qui atteint 50 % de leur PIB. « C’est gérable, mais ce n’est pas soutenable pour 20 ans de plus », avertit Joseph Gagnon.

En raison de son excédent commercial avec les États-Unis, la Chine est le plus grand détenteur étranger de bons du Trésor américains. Quelles sont les conséquences politiques de cette situation ?

« Les États-Unis et la Chine sont interdépendants, dit l’économiste et politologue Sylvain Zini, de l’UQAM. Si les Chinois décident de se débarrasser de leurs bons du Trésor américains, leur valeur va chuter et ils seront perdants. » 

Si on se projette plus loin dans l’avenir, les États-Unis conservent un avantage, du fait que leur dette est composée de leur propre devise, ajoute Joseph Gagnon. « Au bout du compte, le dollar américain devra se déprécier par rapport à la devise chinoise. Cela fera baisser à la fois le déficit commercial et la dette. Il pourrait y avoir des conséquences aux États-Unis, comme une pression inflationniste, mais ce serait gérable. Ce sont les Chinois qui essuieraient une bonne partie du choc. »

L’administration Trump prétend diminuer son déficit commercial avec la planète et créer des emplois aux États-Unis en érigeant des barrières commerciales. Quelle est l’efficacité de cette approche ?

« M. Trump dit qu’on peut gagner des guerres commerciales, mais sûrement que 95 % des économistes sont en désaccord, dit Jean-François Rouillard. La recherche des dernières années montre qu’il y a des gains avec le libre-échange, même si c’est vrai que ces gains ne sont pas nécessairement bien répartis à l’intérieur des pays. » 

Le protectionnisme est une approche justifiée dans certains cas, par exemple, dans des pays en voie de développement exportateurs de ressources. En revanche, l’application de tarifs douaniers dans une économie comme celle des États-Unis aura des effets pervers sur l’emploi et la balance commerciale, souligne Guy-Philippe Wells. 

« Par exemple, si l’aluminium est importé quand même, il coûte plus cher au fabricant. Le coût des produits manufacturés aux États-Unis augmente et cela peut avoir un impact sur la compétitivité des exportations américaines. »

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