Ottawa élargit l’accès à la prestation canadienne d’urgence

Ottawa vient à la rescousse des travailleurs à temps partiel et saisonniers qui n’étaient pas admissibles à la première mouture de la prestation canadienne d’urgence (PCU), et veut exporter ailleurs au pays le modèle québécois de versement de primes salariales à des travailleurs essentiels comme ceux qui sont sur la ligne de front dans le réseau de la santé.

« Si vous gagnez 1000 $ par mois ou moins, vous pourrez maintenant recevoir la prestation canadienne d’urgence, parce que bien des gens ne travaillent pas autant d’heures qu’avant, et d’autres doivent s’adapter aux réalités du travail à la pige ou à contrat », a annoncé Justin Trudeau lors de sa conférence de presse quotidienne à sa demeure de Rideau Cottage, mercredi.

Sont également désormais admissibles à la PCU de 2000 $ par période de quatre semaines les travailleurs qui ont épuisé leurs prestations régulières d’assurance-emploi et qui ne parviennent pas à dénicher un emploi ou à reprendre un boulot saisonnier en raison de la pandémie de COVID-19. Même chose pour les travailleurs qui continuent de gagner un peu d’argent, mais qui ont perdu leur emploi principal, par exemple des élus municipaux, ou encore des pompiers volontaires.

Concrètement, cela veut dire qu’une personne peut toucher jusqu’à 1000 $ par mois de revenu tout en recevant la PCU de 2000 $ par mois. La prestation élargie est rétroactive au 15 mars, et elle est en vigueur pendant quatre mois. La facture rattachée à ce plan d’aide directe était d’environ 24 milliards de dollars. Le coût de la bonification n’a pas été précisé par le gouvernement fédéral dans l’immédiat.

Consultez les détails de la PCU

https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/prestations/faire-demande-pcu-aupres-arc.html

DES PRIMES POUR TRAVAIL ESSENTIEL

Le premier ministre Trudeau est passé de la parole aux actes en confirmant qu’il voulait voir les provinces emboîter le pas au Québec afin d’encourager les travailleurs essentiels à rester en poste. Il a explicitement fait référence au personnel qui prend soin des aînés dans des centres de soins de longue durée.

« Notre gouvernement va travailler avec les provinces et les territoires pour augmenter les salaires de nos travailleurs essentiels qui gagnent moins de 2500 $ par mois comme ceux de nos établissements de soins de longue durée », puisque « la vérité tragique et dérangeante, c’est que les endroits où on s’occupe de nos aînés sont particulièrement vulnérables à la COVID-19 », a-t-il exposé.

Au Québec, le gouvernement de François Legault a implanté, au début du mois, le Programme incitatif pour la rétention des travailleurs essentiels, qui donne aux employés de certains secteurs qui gagnent un salaire brut de 500 $ ou moins par semaine une prime salariale hebdomadaire de 100 $.

La vice-première ministre Chrystia Freeland a assuré que le Québec ne serait pas « pénalisé » pour avoir déjà mis en place une aide supplémentaire aux travailleurs de la santé. 

D’ailleurs, le Québec a donné un « bon exemple » pour le gouvernement fédéral, a ajouté celle qui est aussi ministre des Affaires intergouvernementales. La question de la participation d’Ottawa sera abordée ce jeudi lors d’une rencontre avec les premiers ministres provinciaux.

« UN LONG SOUPIR DE SOULAGEMENT »

Au Conseil national des chômeurs (CNC), où l’on avait vertement critiqué la première mouture de la PCU, jugée trop restrictive, on a cette fois applaudi. « Des centaines de milliers de personnes viennent de pousser un long soupir de soulagement […], on vient de recoudre plusieurs mailles du filet », a déclaré Pierre Céré, porte-parole du CNC.

Les partis de l’opposition à Ottawa ont unanimement salué cette autre injection d’argent, en particulier le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui avait fait de la bonification de la PCU une condition à l’appui du projet de loi gouvernemental de 73 milliards de dollars sur les subventions salariales qui a été adopté par le Parlement samedi dernier.

Au Bloc québécois, on a aussi salué la mesure. « C’est une très bonne nouvelle pour ceux et celles qui pourront maintenant avoir accès à la prestation. Il faut éviter que certains se retrouvent dans une situation financière précaire à cause de la pandémie », a déclaré Gabriel Ste-Marie, porte-parole bloquiste en matière de Finances.

Le Parti conservateur s’en est également réjoui, tout en regrettant que l’élargissement ait tardé à se matérialiser. « Cette mauvaise habitude d’annoncer des programmes, de faire marche arrière puis de modifier les critères d’admissibilité crée une confusion pour les Canadiens durant cette crise de la COVID-19 », a écrit Josée Morissette, porte-parole.

Les Canadiens qui se qualifient dorénavant pour la PCU devraient pouvoir remplir le formulaire de demande en ligne à compter de ce jeudi. Jusqu’à présent, environ 6 millions de demandes de PCU ont été reçues, et un total de 5,4 millions de requêtes avait déjà été traité par les fonctionnaires fédéraux.

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