Le luxe intemporel de l’Orient-Express
Les origines de l’Orient-Express – une création de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits – remontent à 1883. Avant de devenir synonyme de luxe et d’intrigue, entre autres grâce à la popularité du roman Le crime de l’Orient-Express, le service est simplement une route ferroviaire reliant Paris et Istanbul, traversant au passage les Alpes suisses. Au fil des décennies, plusieurs circuits, empruntant d’autres trajets, se partagent le même nom d’Orient-Express. Le service original connaît son dernier départ en décembre 2009, ne pouvant rivaliser avec le transport aérien et les trains à grande vitesse.
Aujourd’hui, l’héritage de l’Orient-Express subsiste sous une nouvelle incarnation. En 1977, l’entrepreneur américain James B. Sherwood flaire un intérêt pour le voyage de grande classe. Lors d’un encan à Monte-Carlo, il met la main sur deux voitures-lits de l’Orient-Express d’autrefois et restaure leur splendeur Art déco. En 1982, il lance le Venice Simplon-Orient-Express, un service toujours actif aujourd’hui, opéré sous la bannière hôtelière de luxe Belmond.
L’actuelle incarnation du train compte 17 voitures-lits entièrement restaurées, issues de trains historiques comme Le Train Bleu (train de luxe français des années 1920) et le Rome Express (qui reliait Rome et Calais au 19e siècle). Si chaque voiture présente ses attraits distinctifs, on retrouve dans chacune du bois poli, de la marqueterie, de riches tissus, des chandeliers et même des crochets où suspendre les montres de poche. On y voyage en solo, en duo (avec lits superposés) ou, pour le luxe extrême, en suite combinant deux cabines.
Le train compte trois voitures-restaurants : La Côte d’Azur (avec ses vitres opaques bleutées signées René Lalique, maître verrier français du mouvement Art nouveau), L’Étoile du Nord (et ses boiseries anglaises) et L’Oriental (aux panneaux noirs laqués). En cuisine, le chef Christian Bodiguel propose des plats recherchés comme l’osso buco de lotte au safran et le cabillaud aux baies de genièvre et fenouil. Les ingrédients frais sont recueillis à Paris, alors que des délices locaux s’ajoutent parfois en cours de périple.
On trouve également une voiture-bar au riche décor bleu et or, avec un piano à queue (et son pianiste) pour égayer la fête. On y sert des bouchées à base de caviar (comme le papierusse, une mince gaufre de caviar pressé) ainsi que le classique cocktail Guilty 12 aux douze ingrédients secrets, un pour chaque suspect dans le récit d’Agatha Christie.
De mars à novembre, le Venice Simplon-Orient-Express fait la navette entre Venise et Londres. En quittant l’Italie, les passagers bénéficient d’une vue imprenable sur les montagnes Dolomites, puis sur les Alpes. Le lendemain, après le déjeuner, le train fait une escale à Paris pour que ceux-ci puissent se dégourdir les jambes. Enfin, un transfert est requis à Calais pour rejoindre Londres via le tunnel ferroviaire sous la Manche. Prévoir entre 2 700 £ et 6 500 £ (soit 4 700 $ et 11 000 $) par passager, bien qu’il soit possible de faire seulement une partie du trajet (ex. : Paris-Venise) à moindre coût.
Pour l’expérience complète, le trajet original de six jours entre la France et la Turquie est offert, mais que quelques fois par année. Des arrêts à Budapest et à Bucarest permettent de passer deux nuits dans de grands hôtels européens – les autres nuitées se déroulent à bord. Il faut cependant réserver plus d’un an d’avance et les forfaits 2019 (tous complets) se chiffraient au moins 8 000 £ (soit 14 000 $) par passager.