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C’est arrivé... et tout a changé !

Véronique Lettre avait 36 ans, deux jeunes enfants, un amoureux et un poste de vice-présidente dans une firme de publicité quand elle a reçu un premier diagnostic de cancer. Son objectif : rester comme avant. Dix ans plus tard, elle parle des changements de rythme nécessaires et bénéfiques à sa rémission.

2009. Véronique fait une chute en planche à neige. À l’hôpital, on confond une masse suspecte avec un simple caillot. Pour guérir cette « hémorragie », on lui prescrit trois mois de repos. Pendant ce temps, une tumeur maligne croît dans son cerveau.

2010. Trente traitements de radio et un an de chimio plus tard, Véronique Lettre publie Plus fou que ça, tumeur !, une histoire relatée à quatre mains avec sa mère, Christiane Morrow. De retour au travail, la jeune femme perçoit que le regard des autres posé sur elle n’est plus le même. « On m’accusait “d’oublier” des choses, laissant croire que mon cerveau était moins performant. J’ai fini sur une tablette », constate-t-elle.

Avec le recul, Véronique réitère qu’elle n’était pas plus lente qu’avant et qu’elle n’avait pas non plus la mémoire plus courte. « Par contre, je voulais absolument vivre comme si rien n’avait changé, affirme-t-elle. Or, beaucoup de choses avaient changé. Pas dans mes performances cérébrales, mais dans ma façon de voir la vie. »

Second cancer

Entre 2010 et 2015, en route vers sa rémission, Véronique occupe successivement deux autres postes de cadre, voit ses enfants devenir des ados, développe une autre vie amoureuse et… un autre cancer ! Cette fois, c’est son sein gauche qui est attaqué. Elle reprend le chemin des hôpitaux, subit deux opérations, retourne en radiologie et, avec sa mère, publie un second récit.

« À mon travail, les rencontres cessaient à 17 heures, puis je trouvais quelque 170 courriels dans ma boîte de réception. Dans les corridors, chacun fixait son téléphone comme un zombie. Je me disais : “Est-ce que c’est ça, la vie ?” »

– Véronique Lettre

Véronique se savait embarquée dans cet engrenage-là. Puis, par malheur ou par bonheur, son poste est supprimé. « C’est une question posée par mon chum qui m’a réveillée : “Véro, tu ne vas pas te mettre à la recherche d’une autre grosse job ?” J’avais besoin de changer de rythme », avoue-t-elle.

Révolution

Véronique vend alors la maison de banlieue. Les ados partent vivre chez leur père et, avec son amoureux, elle s’installe dans les Cantons-de-l’Est. Le couple ouvre un café à Magog, qu’il vend après deux ans. Véronique se tourne alors du côté de l’industrie du cannabis médical en fondant avec son conjoint la clinique Nature Médic. Parallèlement, elle se forme pour cuisiner avec le beurre et l’huile de cannabis et signe Le cannabis médicinal : le connaître et l’utiliser (Éditions du Trécarré), qui sera en vente le 31 octobre prochain.

« Le cancer, ça modifie bien des perspectives. Tout ce que je voulais, c’était être comme avant. C’était irréaliste. Je ne suis plus la même. Je sais notamment que la vie peut s’arrêter à tout moment. Et je veux être pleinement heureuse. Maintenant. »

– Véronique Lettre

« J’ai changé de beat, explique-t-elle. Avant, j’avais un gros chalet et maintenant, je vis dans notre maison de campagne. On a réduit la pression financière en fonction de salaires moins importants. Je n’ai plus de piscine ni de spa; je vais patauger dans le lac sur l’heure du lunch. On dépense moins d’argent en vêtements, en restaurants, en stationnement. On organise nos horaires pour le covoiturage. Je fais des choix qui peuvent parfois sembler déraisonnables aux yeux des autres, mais qui sont remplis de sens pour moi. Je n’attends plus demain. Une journée contient 86 400 secondes et je veux les vivre, toutes, sans compromis. »

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