Cinéma

Les finalistes au Prix collégial sont connus

Chien de garde de Sophie Dupuis, Claire l’hiver de Sophie Bédard Marcotte, Les faux tatouages de Pascal Plante, Happy Face d’Alexandre Franchi et Manic de Kalina Bertin sont les cinq finalistes du 8e Prix collégial du cinéma québécois (PCCQ). Destiné à faire voir plus de cinéma québécois aux jeunes qui fréquentent les cégeps, le PCCQ permet à des participants de 52 établissements de regarder ces œuvres pour ensuite désigner leur coup de coeur. Le vainqueur sera connu le 30 mars. — André Duchesne, La Presse

Humour

Curieux hybride

CRITIQUE
Le chaînon manquant
Mathieu Cyr
Au Club DIX30 de Brossard le 19 janvier, puis partout dans la province
Trois étoiles

Voilà plus d’une décennie que Mathieu Cyr couve son premier spectacle solo qu’il a choisi de présenter aux médias à la Cinquième Salle hier soir. 

Avec Le chaînon manquant, l’humoriste affiche clairement ses couleurs, se voyant lui-même comme « le chaînon manquant en humour », « le pont entre la gauche et la droite », expliquait-il récemment en entrevue avec notre collègue Simon-Olivier Lorange dans La Presse. Pari plus ou moins réussi pour Mathieu Cyr, qui offre un spectacle intéressant et drôle, sans pour autant réinventer la roue.

Le premier quart d’heure du spectacle est sans doute le moins fort de la soirée, alors que Mathieu Cyr s’adresse au public afin de savoir d’où il vient, lançant les classiques « tout le monde haït Montréal », ainsi que quelques gags de consanguinité en région. 

On a du mal à comprendre où il s’en va et fait un dernier détour en lançant une pointe à Éric Salvail : « Ce gars-là a touché beaucoup trop de gens pour devenir un intouchable. » Jusque-là, rien de bien original par rapport à d’autres confrères humoristes. C’est quand il aborde son déficit d’attention et sa douance que Mathieu Cyr commence réellement à piquer notre curiosité. 

À 42 ans, le père de deux enfants raconte un vécu qui sort vraiment de l’ordinaire.

On suit avec intérêt, tout en riant, le parcours atypique de l’humoriste qui ponctue ses sketchs d’observations sociales, notamment sur le système d’éducation, à travers son expérience d’enfant marginalisé. 

« Serena Williams est une des meilleures joueuses de tous les temps. Mais c’est peut-être une marde en ski de fond ! », lance-t-il pour expliquer la facilité avec laquelle on peut mettre un jeune dans la case « difficultés d’apprentissage » s’il a 99 en maths et 57 en géographie.

Après un parcours scolaire plutôt chaotique (il a fréquenté six écoles secondaires différentes), Mathieu Cyr a décidé de faire l’école à la maison pour ses propres enfants. L’humoriste se nourrit également de son mode de vie assez atypique, alors que sa famille vit avec une autre famille sous le même toit. 

Mathieu Cyr raconte de savoureuses anecdotes sur son déficit d’attention qui le mène à toutes sortes de mésaventures, mais il lui est pourtant impossible d’éviter de tomber parfois dans certains lieux communs au cours de son spectacle. Le dernier tiers du Chaînon manquant en regorge d’ailleurs, notamment à propos de la chasse, des radios poubelles ou des « madames » qui le « trollent » sur Facebook. 

L’humoriste nous fait sourire, mais ne sort pas des sentiers battus avec ces numéros. Il finit d’ailleurs par nous perdre avec ses jeux de mots en anglais et un numéro bien trop long sur son séjour dans le Sud avec sa blonde. Dommage. 

Au final, Le chaînon manquant est un spectacle inégal, mais loin d’être inintéressant. Matheu Cyr gagne à être connu pour son style hybride entre humour populaire et plus cérébral. La qualité de ses textes (dont la script édition est assurée par Benoit Chartier) est indéniable, et l’efficacité comique est au rendez-vous. À défaut d’être le chaînon manquant de l’humour, Mathieu Cyr est certainement un artiste au style hybride fort intéressant.

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