Pointe d’humour

Messieurs, cessez de nous dire comment remplir le lave-vaisselle

L’autre jour, sur Twitter, j’ai trouvé une vérité comme on découvre des insectes en soulevant une pierre : les femmes se foutent plus que les hommes de comment remplir un lave-vaisselle.

Vous m’excuserez ce sujet léger, mais ce phénomène s’est mis à me fasciner quand je suis tombée sur un tweet de la journaliste Monic Néron qui publiait, photo à l’appui, rien de moins qu’une déclaration de guerre entre les sexes en montrant l’anarchie qu’elle autorisait dans son lave-vaisselle en l’absence de son amoureux.

Debout sur ma chaise, j’applaudissais à tout rompre. Poing levé, j’entonnais des « Amen Sister ! », pour finalement m’interroger sur le sujet : mais mon Dieu, ne serais-je donc pas la seule à me faire traiter d’incapable lorsqu’il s’agit de remplir un lave-vaisselle ?

Moi, j’attribuais mon manque de talent à mon côté brouillon, aux bouts de ma vie que je botche, à ma déficience en matière de fée-du-logisme… 

Je vivais cette honte recluse, pensant être la seule paria à échouer lamentablement, à être un Quasimodo des tâches ménagères pendant que toutes les autres femmes, relevées de souris et d’oiseaux, alignaient bols et assiettes en sifflotant.

Mais non… Mais non ! Commençais-je à comprendre. Attendez, Monic Néron est une femme de carrière qui a une tête sur les épaules, elle déniche les nouvelles et débusque les injustices comme Carmen Sandiego vole les tableaux… Sans compter que son visage est clair, ses yeux pétillants et ses cheveux sont beaux… Attendez, cette femme semble en toute possession de ses moyens et choisirait donc volontairement de se contre-câlifer de comment elle remplit son lave-vaisselle ?

Mais, mais… Si ça se trouve, nous sommes des centaines ! Voire des milliers ? !

Loupe à la main, je me suis empressée de garnir un sondage Twitter en y ajoutant la question suivante : 

Dans votre couple, qui tient absolument à ce que le lave-vaisselle soit convenablement rempli ? L’homme ou la femme ? (En m’excusant pour l’hétéronormativité de la chose.)

Saperlipopette ! Par centaines, ils accouraient comme les rats suivent un joueur de flûte pour me conter leur vérité : « C’est l’homme ! C’est l’homme qui veut toujours que j’aligne bien mes bols et mes fourchettes ». « C’est la femme ! C’est la femme qui fait n’importe quoi et empile les plats comme on joue mal à Jenga ! »

Résultat : 70 %. Sur 404 votes, un gigantesque 70 % des hommes voulait que le lave-vaisselle soit convenablement rempli (comme si une telle chose existait) contre un tout petit et sain 30 % chez les femmes.

J’en dodeline de la tête tellement je nage en pleine déception et m’inquiète même pour cette maladie qui afflige une si grande majorité de la gent masculine.

Vouloir bien remplir un robot. Franchement. « C’est parce que l’eau ne se rend pas dans le fond du bol par enchantement ! Il y a une logique à respecter ! », m’a-t-on hurlé.

Entendons-nous bien, la seule logique à respecter quand on remplit un lave-vaisselle est la suivante : ce robot travaille pour moi, s’il n’est pas capable de bien faire son travail, ça n’est pas mon problème. Déjà qu’à la fin de la journée, je prends ma douche et il lui arrive d’avoir eu plus d’eau chaude que moi. Je l’héberge gratuitement. Qu’il fasse son travail.

Si certaines choses sont mal lavées, on n’a qu’à les laisser en place, réappuyer sur le bouton, et c’est reparti pour un tour.

Pour ce qui est de cette soi-disant logique masculine que semble nécessiter la tâche, je m’en sers pour organiser le reste de ma vie ainsi que chacune des pièces de notre maison. Faque, high five, Monic. Je retourne sur Pinterest.

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