Pierre Lassonde

Les trois «T» de la philanthropie

L’institut d’entrepreneurship Lassonde n’aurait jamais vu le jour sans son généreux mécène : Pierre Lassonde, cofondateur de la compagnie aurifère Franco-Nevada. L’homme originaire de Saint-Hyacinthe, diplômé de Polytechnique, nous relate, dans un entretien, les débuts de son institut à l’Université de l’Utah, où il a obtenu son MBA en 1973.

L’entrepreneur de 70 ans nous parle aussi de philanthropie, lui qui a donné près de 100 millions aux arts et à l’éducation depuis 1996, dont 10 millions au Musée national des beaux-arts de Québec et 8 millions pour les pavillons Claudette MacKay-Lassonde et Pierre Lassonde de Polytechnique.

Pourquoi vous intéressez-vous à l’entrepreneurship ?

Regarde ce que ça m’a donné. Je suis un p’tit gars qui est parti de Saint-Hyacinthe avec 2 $ dans les poches et aujourd’hui j’ai réalisé des rêves auxquels je n’avais jamais pensé, grâce à l’entrepreneurship.

Ensuite, le monde du travail est bouleversé par la technologie perturbatrice des Amazon, Facebook et Google. L’entrepreneurship, ça te donne ton emploi tout en te permettant de t’adapter quand le monde extérieur change.

Qu’est-ce qui vous a amené à étudier à Salt Lake City dans les années 70 ?

Mon épouse Claudette MacKay et moi voulions étudier aux États-Unis. Mon épouse était une vraie bollée. Les universités prestigieuses voulaient toutes la recruter. C’était loin d’être mon cas. En fait, je pense que l’Université de l’Utah tenait tellement à Claudette que c’est la seule raison pour laquelle j’ai été accepté.

Comment en êtes-vous venu à créer l’Institut Lassonde ?

Après le décès de mon épouse Claudette en 2000, je voulais faire un don à l’université. Ce qui m’intéresse, c’est l’entrepreneurship. Je voulais faire quelque chose qui va impliquer à la fois la faculté de génie et l’école de commerce. Je voulais savoir si on pouvait présenter des découvertes de l’université à des étudiants du MBA qui vont développer des plans d’affaires. Au début, c’était un centre, puis c’est devenu un institut et on a élargi sa mission.

Croyez-vous que d’autres universités vont reprendre l’idée ?

Ce n’est pas si facile à exporter comme idée, mon cher ami. Les universités ont des silos très épais et très hauts. Les différents départements sont des chasses gardées. Ils ont de très grandes difficultés à travailler ensemble. Pas beaucoup de présidents d’université sont prêts à mener ce genre de bataille.

Vous êtes un généreux donateur. Vous avez participé cet automne à la conférence Mallet sur la philanthropie. Quel était votre message ?

J’appelle ça les trois «T» de la philanthropie ; donner de votre temps, donner de vos talents et donner de vos trésors. Quand on est capable de faire les trois, vous avez le maximum d’impact. C’est ce que je fais à l’Université de l’Utah (où il visite deux fois par année l’Institut et où il siège au comité consultatif de l’Eccles School of Business), et c’est ce que j’ai fait au Musée, à Québec.

Beaucoup de Québécois ont les poches profondes, mais les bras courts. Mais il y en a tout de même qui sont très généreux. Ma génération, celle des baby-boomers, arrive dans les 60-70 ans et va bientôt passer des fortunes à la prochaine génération. Il y a une opportunité extraordinaire de philanthropie ici. J’espère que le geste de donner va être de plus en plus reconnu et apprécié.

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