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Les sœurs Rozon à la défense de leur frère

Gilbert Rozon prépare sa défense et quand le temps sera venu, il donnera sa version qui permettra de « relativiser » les accusations dont il fait l’objet, disent Luce et Lucie Rozon, qui brisent pour la première fois le silence au sujet des allégations portées à l’automne à l’endroit de leur frère. 

« Qu’il y ait des enquêtes, que ce soit validé et vérifié. Il y a des contextes à tout ça. Quand je lis que la fille a bu, fumé du pot, quand tu es dans un état comme ça, les perceptions… Je ne suis pas juge ni enquêteur. Mais je fais confiance à Gilbert. Je crois que mon frère n’est ni un prédateur ni un violeur. Quand des accusations seront portées, quand il sera accusé et condamné, s’il a violé quelqu’un, je prendrai mon trou », confie Luce Rozon dans une entrevue avec La Presse

« Gilbert n’a pas parlé, mais je pense qu’il a de quoi pour se défendre. Quand ce sera le temps de s’exprimer, il donnera sa version. Ce que je sais pour le moment me permet de relativiser les choses. Pas juste ses explications. Mais aussi les propos des gens qui nous ont appelés, qui se rappellent de certaines choses, circonstances… Tout cela sera amené pour expliquer ce qui s’est passé », précise-t-elle. 

Le 18 octobre dernier, neuf femmes ont témoigné dans les médias des attouchements et des agressions sexuelles dont elles auraient été victimes de la part de Gilbert Rozon.

À la sortie du palais de justice de Montréal la semaine dernière, dans le litige civil qui l’opposait à Québecor sur la vente de Juste pour rire, Gilbert Rozon est cependant sorti de son mutisme pour déplorer « l’hystérie » médiatique dont il a fait l’objet. « Il y a des allégations le matin, vous êtes jugé à midi et exécuté le soir », a-t-il déclaré, niant également les allégations de viol le concernant.

« Je n’ai jamais fait l’amour à quelqu’un, à une personne qui m’a dit non. Jamais. »

— Gilbert Rozon

Rappelons qu’au moment des allégations, le grand patron de Juste pour rire ne s’est pas prévalu du droit de réplique qui lui a été offert. Il a démissionné de l’ensemble de ses fonctions avant même que les allégations ne soient diffusées par les médias.

« C’est un courailleux » 

Les sœurs Rozon demeurent cependant lucides sur le comportement de leur frère. « C’est un courailleux, résume Lucie Rozon. S’il avait été arrogant mais qu’il s’était tenu le corps droit, comme un bon père de famille à côté de sa femme, s’il n’était pas sorti avec d’autres femmes et n’avait pas mené une "vie de showbiz", les gens auraient eu de la misère à le rentrer dans le mur. Mais ils sont allés chercher le point faible de Gilbert : les femmes », poursuit-elle. 

Luce et Lucie Rozon ont choisi de rester aux côtés de leur frère dans la tempête, mais refusent de se prononcer publiquement sur les témoignages publiés dans les médias l’automne dernier. « On n’a pas à juger de ça. Si les filles ont vécu des choses, que justice se fasse. S’il a commis des actes répréhensibles, je vais vivre avec et je vais quand même continuer à soutenir Gilbert. Je l’aime profondément », lance Lucie Rozon. 

Elle s’interroge néanmoins sur les raisons qui ont poussé les présumées victimes à sortir publiquement après plusieurs décennies de silence. « Pourquoi en 1998 [lors des événements du manoir Rouville-Campbell], toutes ces filles ne sont pas sorties ? La télé, la radio, il y avait quasiment une ligne ouverte juste pour Gilbert ! Pourquoi elles ne sont pas sorties ? Pourquoi ne sont-elles pas allées à la police au lieu des médias ? », se questionne-t-elle. 

« On se croirait en 1700 » 

Les sœurs Rozon déplorent que leur frère ait été « jugé sur la place publique » avant même d’avoir pu faire face à un vrai procès. Alors qu’aucune accusation n’a encore été portée en cour criminelle, un recours collectif civil a été intenté par un groupe baptisé Les courageuses. 

« Au cours des quatre derniers mois, on est retourné dans les années 1700 où on allait chercher un roi pour lui couper la tête sur la place publique. Je me suis quasiment sentie tuée moi-même. Ils tuaient Gilbert, mais ils tuaient aussi la famille. »

— Lucie Rozon 

Présidentes de la filiale Juste pour rire Spectacles, une division consacrée à la production de spectacles d’humour au sein de l’entreprise familiale, les sœurs jumelles de Gilbert Rozon poursuivent leurs activités professionnelles en attendant la vente de l'entreprise. Elles y travaillent depuis 1989.

« Tous nos artistes sont restés à nos côtés. Ils sont patients. Je suis l’agente d’André Sauvé, il m’appelle tous les jours, il prend soin de moi, remarque Lucie Rozon. Et il y a aussi tout le contraire. Je suis restée scotchée de même devant ma télé en entendant la sortie de certains artistes. Je trouve les gens d’une violence ! On parle d’allégations, il n’y a pas encore d’accusations portées devant la justice. Et si au final il n’y en a pas, j’espère que Gilbert va poursuivre tous ceux qu’il pourra poursuivre. Je le souhaite haut et fort. » 

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