Bye-bye, rue Amherst, place à la rue Atateken
Une période d’adaptation est à prévoir pour les Montréalais
Les Montréalais auront besoin de temps pour apprivoiser le nouveau nom de la rue Amherst, Atateken, qui signifie « fraternité » en mohawk.
« Je suis d’accord avec le changement, mais j’aurais peut-être choisi quelque chose de plus facile à prononcer, a déclaré Benoît Rodier alors qu’il faisait des travaux d’arpentage à l’angle de la rue Ontario. Je crois que les gens vont continuer d’utiliser Amherst comme un point de repère, mais que cela changera peut-être pour les générations futures. »
Jeffery Amherst était un général britannique qui a mené la Conquête de Montréal en 1760. Il est aussi célèbre pour avoir dirigé la répression contre le soulèvement autochtone de Pontiac en 1763. Il aurait utilisé des couvertures qu’il savait contaminées à la variole pour exterminer des autochtones.
« Avec la controverse associée au nom Amherst, je crois que c’est une bonne idée », estime le Montréalais James Barber.
Pour s’assurer de bien prononcer le nouveau nom, la commerçante Monique Dufresne l’a écrit au son – a-de-dé-gan – au verso de l’invitation à la cérémonie que tous les résidants ont reçue. « Ça sera un bon exercice de mémoire », a-t-elle dit.
La Buanderie Amherst, située à l’angle du boulevard De Maisonneuve, changera de nom « le plus rapidement possible », a assuré un employé, David Boisvert. « On comprend l’initiative de la Ville, mais ce n’était pas dans nos projets de changer de nom. »
Cette annonce a été faite lors de la Journée nationale des peuples autochtones par la mairesse Valérie Plante. À son avis, le geste de remplacer un toponyme critiqué depuis de nombreuses années par un nom rassembleur qui invite à la paix et au partage entre les cultures autochtones et allochtones incarne bien l’esprit de Montréal dans son programme de réconciliation.
La mairesse était accompagnée du chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard. Ce dernier estime que ce geste permet de tourner une page de l’histoire, parfois assombrie par des épisodes du passé colonial. Il renforce les liens d’amitié qui unissent les cultures.
« Aujourd’hui, nous retirons le général Jeffery Amherst de notre passé – nous effaçons cette partie de notre passé, du nôtre et du vôtre –, mais nous n’oublierons pas, a-t-il avancé. Maintenant que la rue Amherst a un nouveau nom, l’esprit de nos peuples, l’esprit de nos ancêtres peut reposer en paix. »
En septembre 2017, l’ex-maire Denis Coderre avait annoncé que la rue serait renommée. Le changement sera officiel à la fin de l’été et les deux plaques, Amherst et Atateken, cohabiteront pendant quelques semaines pour faciliter la transition.
— Avec La Presse canadienne