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Un diamant synthétique est éternel 

Parce qu’ils sont plus abordables, plus écolos et socio-responsables, les diamants fabriqués en laboratoire gagnent de plus en plus le cœur des nouveaux mariés.

Lorsque Pierre Bélanger, 57 ans, a fait sa demande en mariage à la fin de l’été, il avait certaines inquiétudes : son amoureuse dirait-elle oui ? (Il avait un bon pressentiment là-dessus.) Aimerait-elle sa bague ? Il se demandait aussi ce qu’elle allait penser de la pierre qu’il avait choisie, un diamant de laboratoire.

« Je ne connaissais pas ça, je voulais lui acheter sa pierre de naissance, un saphir, et c’est la joaillière qui m’a conseillé », se souvient-il. « Il était un peu craintif. Et je lui ai répondu que la bague était parfaite ! », raconte à son tour Isabel St-Laurent, 48 ans, qui, bien sûr, a dit oui !

Les diamants de laboratoire (aussi appelés diamants synthétiques ou de culture) sont conçus en soumettant un grain de diamant à une chaleur et une pression extrêmes. Le processus recrée ainsi les conditions dans lesquelles sont formées les gemmes au cœur de la terre. Sauf qu’au lieu d’attendre des milliards d’années pour les obtenir, les pierres prennent forme en quelques semaines.

« Il faut se rappeler que structurellement, ce sont de vrais diamants, aussi beaux et aussi brillants que les diamants de mine, avec tous les avantages qui viennent avec. C’est au point où les gemmologues ne peuvent pas les différencier au microscope. »

— Myriam Elie, propriétaire de la bijouterie Myel Design, avenue Laurier à Montréal

« L’un des avantages, c’est qu’ils sont de 20 à 30 % moins chers. Un diamant de mine rond d’un carat, par exemple, coûterait environ 10 000 $, tandis que pour le même poids, un diamant de laboratoire tournerait autour de 7000 $. Ça donne un petit coup de pouce ! », ajoute-t-elle.

Conjuguer carats et éthique personnelle

C’est plutôt pour répondre aux préoccupations éthiques de sa fiancée que Pierre Bélanger a opté pour ce type de pierre.

« Ces diamants respectent l’environnement et ont une meilleure empreinte carbone parce qu’ils ne sont pas extraits de la terre. Il y a aussi toute l’histoire des cartels, des zones de conflits et des enfants qui travaillent dans les mines, et on s’éloigne de tout ça. Je peux faire une différence dans la vie en faisant certains gestes. Eh bien, en voici un ! », explique Isabel St-Laurent.

De plus en plus de gens partagent cette opinion. Les diamants synthétiques constituaient moins de 1 % des ventes de diamants mondiales en 2018, mais devraient atteindre de 7 % à 15 % des ventes totales en 2020, selon la banque américaine Morgan Stanley.

« Ces diamants vont être de plus en plus populaires, au fur et à mesure que les gens vont en entendre parler », estime Habib Issawi, directeur général de la boutique Spence Diamonds à Mississauga, en Ontario. Cette tendance est particulièrement marquée chez les milléniaux, dont 70 % seraient disposés à acheter une bague de fiançailles contenant un diamant de laboratoire, selon un sondage mené par la firme de marketing MVI.

« J’ai l’impression que les gens âgés sont plus frileux, mais les 25-35 ans sont tout de suite intéressés ! Il y a l’aspect plus socioresponsable, et aussi un élément dans la technologie utilisée qui attire les jeunes, le côté plus futuriste, peut-être. C’est fait en laboratoire, il y a quelque chose de cool ! », affirme Myriam Elie.

Les milléniaux sont également moins enclins à s’endetter pour acheter une bague de fiançailles hors de prix. 

Pour la petite histoire, d’ailleurs, ce genre de bague n’a pas toujours été en vogue. Le prix des diamants était même en chute libre lorsqu’en 1938, le conglomérat diamantaire sud-africain De Beers a embauché une firme publicitaire new-yorkaise afin de faire mousser ses ventes. C’est à lui qu’on doit le slogan « un diamant est éternel », lancé en 1947. C’est aussi à lui qu’on doit l’idée qu’une pierre devrait coûter un, deux ou trois mois de salaire.

« Quand je montre ma bague, qui est tout à fait magnifique, à mes amis, et que j’explique que c’est une pierre de laboratoire, les gens me disent parfois : “Ah ? C’est comme… cheap” », lance Isabel St-Laurent en riant. « Et je leur réponds que non, que c’est encore mieux qu’un diamant de mine ! Quand j’explique toute la philosophie derrière ces diamants, mes amis finissent par trouver ça très intéressant ! », dit-elle.

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