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Un palmarès des plus belles ruelles vertes

Il aura fallu un peu plus d’un an au blogueur montréalais Gilles Beaudry pour parcourir les 443 ruelles vertes de Montréal. Son but : dresser un palmarès des plus belles. Un projet qui se veut une invitation à aller découvrir ces petits bijoux urbains, alors qu’aurait dû se tenir cette fin de semaine la 6e présentation des Journées des ruelles vertes, annulées en raison de la pandémie.

Les lecteurs du blogue Mes quartiers sont habitués aux déambulations de son auteur. Au fil des ans, Gilles Beaudry a écumé tous les coins de la ville pour proposer des itinéraires à ceux qui souhaitent partir à la découverte de la métropole. Il a aussi publié plusieurs « top », dont ceux des plus beaux parcs urbains, des plus belles églises contemporaines et des sculptures les plus étonnantes.

« On ne le réalise pas toujours, mais les villes dans le monde n’ont pas toutes des ruelles à l’arrière des maisons : c’est un modèle de développement urbain très nord-américain, observe Gilles Beaudry. Montréal devrait tirer avantage de cela. Si on faisait pousser des fleurs, des fruits et des légumes dans nos 4300 ruelles, Montréal deviendrait la ville la plus verte au monde ! »

Pour dresser une liste des plus belles ruelles vertes du territoire montréalais, il a marché 200 kilomètres et pris 3600 photos, souvent accompagné par Carle Bernier-Genest, auteur du blogue C’est toi ma ville. Il a évalué chaque ruelle avec un système de points basé sur les dimensions naturelle (couvert végétal, fleurs, agriculture urbaine et installations vertes comme des mangeoires pour oiseaux et des hôtels à insectes) et socioculturelle (bibliothèque libre-service, œuvres murales, œuvres créées par les résidants, mobilier urbain et jeux).

Le Plateau Mont-Royal en vedette

Vingt sont sorties du lot. « Il y a de belles ruelles partout, de Verdun à Montréal-Nord, en passant par Saint-Henri, Villeray et Hochelaga-Maisonneuve, souligne Gilles Beaudry. Mais c’est sur le Plateau Mont-Royal et dans Rosemont que la plus forte concentration se trouve. C’est un peu normal, quand on sait que la moitié des ruelles vertes de Montréal sont dans ces deux arrondissements. »

« Mine de rien, les ruelles de Montréal sont en train de redevenir aussi vivantes qu’elles l’étaient à l’époque de nos parents. Peut-être même plus. »

— Gilles Beaudry

Le blogueur a été frappé par l’originalité dont font preuve les citoyens quant à la réutilisation d’objets de toutes sortes. « J’ai vu des bains peints et convertis en bacs à légumes, une valise remplie de fleurs, un tronc d’arbre transformé en maison à lutins... Dans la ruelle Le Raccourci [dans le quartier Saint-Michel], d’anciens bancs de métro ont été installés, et des armoires à pain de la défunte épicerie Steinberg ont été transformées en bacs à fleurs. »

Officiellement, les ruelles vertes sont des ruelles qui ont été verdies et aménagées par les résidants, en collaboration avec les éco-quartiers des arrondissements. Les comités de ruelle reçoivent du financement pour réaliser leur projet. Mais dans beaucoup de ruelles dites vertes : rien. « Dans 12 % des cas, je n’ai pas été capable d’attribuer un seul point, affirme Gilles Beaudry. Autrement dit, une ruelle verte sur dix à Montréal ne présente aucun élément qui la distingue de n’importe quelle autre ruelle. Pas de fleurs, pas de jeux, rien. Il y aurait une réflexion à faire là-dessus. » Cette réflexion a d’ailleurs été amorcée dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve où, rapportait Radio-Canada en octobre dernier, le tiers des ruelles vertes étaient négligées, voire abandonnées.

Au moins 443 !

Le projet de Gilles Beaudry s’est révélé tout un défi en raison de la distance parcourue, mais aussi du manque d’information. « Le regroupement des éco-quartiers diffuse une carte sur l’internet, mais certaines ruelles vertes indiquées sont en fait des rues, des petits parcs ou le terrain avant de résidences ou d’institutions, explique le blogueur. D’autres, qui sont réellement vertes et qui arborent même l’affiche officielle, sont mystérieusement absentes de la carte, que ce soit dans Hochelaga, Pointe-Saint-Charles ou Montréal-Nord. Il m’est donc arrivé plusieurs fois de me déplacer pour rien ou de découvrir une ruelle verte par hasard ! » Pour compléter sa recherche, il a fouillé dans les communiqués de presse des arrondissements, dont certains tiennent aussi un répertoire local.

Il en a trouvé 443 (en excluant celles qui ont été aménagées cet été). Officiellement, la Ville de Montréal en dénombre 444 (selon les données datant de l’an dernier). « Il n’y aura probablement jamais de chiffre exact dans l’absolu, remarque Gilles Beaudry. La seule chose que je sais, c’est que j’en ai photographié 443 qui existent réellement lorsqu’on y va en personne ! »

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