Mon parcours

Le « décrocheur » entrepreneur

Albert Dang-Vu, un passionné d’informatique, a participé tout jeune à l’aventure Copernic, le moteur de recherche québécois. En 2007, il fait le grand saut et fonde Mirego, une entreprise d’applications et de produits numériques. Dans la rubrique Mon parcours, La Presse vous présente le parcours hors du commun de gestionnaires d’ici.

Albert Dang-Vu

Coprésident et chef de la direction de Mirego, une firme de produits numériques

41 ans

Propos recueillis par Vincent Brousseau-Pouliot, La Presse

Né à Charlesbourg, à Québec

« Mes deux parents se sont connus au Viêtnam. Mon père est venu à Québec étudier le génie chimique à l’Université Laval, et ma mère l’a suivi. »

Mes études

1990-1995

Diplôme d’études secondaires, polyvalente de Charlesbourg

« Je tripais sur l’informatique, je remplaçais parfois mon prof dans le cours d’informatique. J’apprenais le langage machine. Avant que les cartes vidéo existent, mon rêve était de faire un jeu de Zelda. Pendant mes cours de maths, j’imprimais mon code pour le réviser et le débloquer. Ça allait bien jusqu’à ce qu’un remplaçant me demande ce que je faisais… »

1995-1997

Diplôme d’études collégiales, cégep Champlain St. Lawrence

« Je ne voulais pas continuer à l’école, je voulais programmer, comme un bon décrocheur qui veut lancer son entreprise. Ma mère voulait que je sois médecin et elle a promis de m’acheter un ordinateur si j’obtenais mon DEC en sciences pures en anglais. J’ai continué mes études, mais j’ai finalement acheté l’ordinateur par moi-même pendant mes études… »

1997-2000

Bac en informatique de génie, Université Laval

« Mon taux de présence était quasi nul. Je travaillais à temps plein chez Copernic. J’étudiais aussi à temps plein, mais je n’allais pas à mes cours et j’ouvrais mes livres la veille des examens. Mais j’étais dans les partys étudiants pour recruter chez Copernic... »

2007

Études de MBA pour cadres, Université du Québec à Rimouski, campus de Lévis

« J’ai essayé pendant un an et je n’ai pas tripé. Les gens cherchaient un papier, pas des connaissances. Je n’ai pas fini. Enfin, j’ai eu mon statut de décrocheur ! »

Mes expériences de travail

1996

Préposé au service à la clientèle, Solution Internet Technologies (SIT)

« Je faisais de l’assistance technique pour les trousses d’internet de Netspace sur Windows 3.1. Après la fermeture de l’entreprise, le président Chris Arsenault [aujourd’hui associé directeur de la firme de capital de risque iNovia] m’a référé chez Copernic. »

1997-2007

Programmeur, chef d’équipe puis vice-président de la technologie, Copernic

Copernic était une entreprise en démarrage de Québec qui se spécialisait dans les moteurs de recherche. À l’époque, Google en était à ses balbutiements. Copernic faisait à la fois des moteurs de recherche pour l’internet et aussi pour les ordinateurs (un concept évident aujourd’hui, mais tout nouveau à l’époque).

« On a vendu des licences de notre technologie. On voyageait un peu partout dans le monde. Je devais avoir 25 ans et je gérais les clients internationaux comme AOL, France Télécom, T-Mobile. On faisait notamment l’agrégation des moteurs de recherche. À l’époque, l’internet n’était pas répertorié. Chaque moteur de recherche faisait sa couverture : Alta Vista, Xsite, la Toile du Québec. Google a [ensuite] décidé de tout couvrir. On travaillait comme des malades. On se levait le matin en se disant qu’on était David contre Goliath. »

2007-aujourd’hui

Cofondateur, coprésident et chef de la direction de Mirego, une firme de produits numériques

Copernic est vendue à l’entreprise américaine Mamma.com en 2005. Deux ans plus tard, Albert Dang-Vu s’en va pour fonder Mirego avec deux ex-collègues de chez Copernic.

« L’environnement était moins inspirant chez Copernic, il y avait de l’énergie négative. Le conseil d’administration ne croyait pas au mobile, et nous pensions que ça allait se passer avec le mobile. »

En 2008, l’App Store est créé.

« On est allés voir la conférence d’Apple à San Francisco. On a dit : “C’est ça qu’on va faire.” »

Aujourd’hui, Mirego fait environ 60 % d’applications mobiles et 40 % d’autres produits et stratégies numériques (p. ex. : bornes interactives). L’entreprise a notamment créé les applications de Bell, des Canadiens de Montréal et de la SAQ.

« On croit beaucoup au long terme : 87 % de notre clientèle, ce sont des clients qui reviennent. La prochaine étape, c’est d’avoir des clients plus importants à l’extérieur du Canada. »

Mirego a 120 employés à Québec et à Montréal.

« Nous voulions bâtir la meilleure équipe et le meilleur endroit où travailler. Pas à cause des beaux divans, mais pour que les gens puissent échanger et grandir avec des gens qui ont des passions similaires aux leurs. C’est important de créer de la fierté, de faire en sorte que notre équipe soit heureuse. On n’est pas là pour flasher. On veut une équipe et un environnement tripants. »

Mes mentors

« Martin Bouchard [cofondateur de Copernic] m’a inspiré par son humilité, son audace et son côté très entrepreneurial. Mon patron chez Copernic à l’époque, Laurent Simoneau, m’a convaincu à l’époque de rester chez Copernic en me disant : “Soit tu t’en vas dans une compagnie de télécom pour 10 % de plus, soit tu restes pour apprendre comment bâtir une entreprise.” J’ai aussi en très haute estime deux membres de mon comité aviseur : Jean Bélanger, de Premier Tech, qui a bâti une entreprise avec une culture super forte dans l’industriel, et Nicolas Bouchard, fondateur de DuProprio, à cause de son côté “tout est possible”. »

Mon meilleur coup

« Partir Mirego sans savoir exactement ce qu’on ferait. »

Ma pire gaffe

« Un entrepreneur pense qu’il est capable de tout faire par lui-même. C’est une qualité, mais quand tu as une entreprise de 60 ou 100 personnes, c’est aussi un défaut, car tu ne règles pas le problème et le temps passe. Quand tu es rendu à 50 ou 60 employés, il faut clarifier les rôles, avoir un carré de sable plus défini. Avec Mirego, je me suis entouré trop tard d’un comité aviseur pour régler ce problème. »

Ma devise

« Propose-moi une solution. C’est important de faire confiance aux gens autour de nous. Et c’est correct d’essayer et de se planter. Des fois, tu apprends juste parce que tu te plantes. »

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