Leurs premiers pas en politique

Leur vie a changé le 1er octobre 2018. Ils sont devenus députés. Comment se sont passés leurs débuts ? Pas nécessairement comme prévu. Il y a eu des surprises, des frustrations, des défis, et beaucoup d’apprentissage à faire. Des nouveaux élus des quatre partis à l’Assemblée nationale se sont confiés sur leurs premiers pas en politique.

Un dossier de Tommy Chouinard

Lionel Carmant
CAQ

« C’est stressant en titi ! »

QUÉBEC — Lionel Carmant avait la superbe d’un Xavier Dolan qui débarque sur la Croisette.

Adulé par ses pairs, débordant d’assurance, le ministre au CV de 73 pages confiait en début de mandat que la charge de travail était moins lourde que lorsqu’il était neuropédiatre au CHU Sainte-Justine, que les journées étaient moins longues, qu’il vivait moins de stress, que les séances de breffage avec les hauts fonctionnaires étaient de la petite bière, etc.

Puis ce qui devait arriver arriva. « La réalité m’a un peu rattrapé. » À tel point que la politique, ce n’est « pas exactement ce qu’ [il avait] anticipé », convient-il. « Le rôle de communicateur, c’était quelque chose que j’avais peut-être sous-estimé un petit peu », explique le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux. 

Au bureau du premier ministre, on retient son souffle chaque fois qu’il ouvre la bouche en Chambre ou en point de presse…

Le Dr Carmant le reconnaît aujourd’hui : la politique, « c’est stressant en titi ! Il n’y a pas de doute maintenant ».

« La grosse différence pour moi, c’est qu’avant, j’étais l’expert et tout ce que je disais était vrai. Tandis que maintenant, je me fais challenger beaucoup, et sur des choses que je connais bien. C’est quand même assez surprenant. »

— Lionel Carmant

Pas facile pour lui de se retrouver avec de mauvaises notes dans la plupart des bulletins des analystes politiques. « Moi, j’ai toujours été performant, en haut de ma classe », souligne-t-il. La critique, loin d’être une source de découragement, le « motive à [s]’améliorer ».

Il y a d’abord eu ses interventions laborieuses sur l’encadrement du cannabis – « c’est légal, mais pas banal », martelait-il en réponse à toute question –, mais les failles sont surtout apparues lors de la mort de la fillette de Granby, victime de maltraitance alors qu’elle devait être suivie par la DPJ. Le ministre a paru hésitant, en perte de contrôle.

« Je pense que l’événement m’a bouleversé. C’est comme si je m’étais dit : “Wô, je me suis embarqué dans beaucoup, là !” »

L'affaire Sirard

L’épisode a fait remonter à la surface le suicide très médiatisé d’un confrère, « un ami » surtout, le Dr Alain Sirard, dans son bureau de Sainte-Justine, à la fin de 2016. « Le matin même, j’ai eu une pensée pour lui, et encore plus quand j’ai constaté que cette enfant-là avait vu un médecin, mais qu’il l’avait référée à la DPJ plutôt que de l’hospitaliser », relate le ministre.

Hospitaliser un enfant pour le garder sous surveillance et investiguer « comme si c’était possiblement » un cas de maltraitance, c’est exactement ce que faisait le Dr Sirard, ajoute-t-il. Et c’est ce qui « avait irrité beaucoup de personnes », des parents qui avaient accusé le pédiatre de les avoir soupçonnés à tort de battre leur enfant. Le Dr Sirard avait fait l’objet de reportages et faisait l’objet d’une enquête du Collège des médecins. L’hôpital avait suspendu son droit de pratique pendant un mois juste avant qu’il ne mette fin à ses jours.

« L’une des séquelles de l’affaire Sirard, c’est que les médecins sont moins agressifs face au signalement et à l’hospitalisation. »

— Lionel Carmant

« Comme neurologue, insiste-t-il, si je vois un enfant qui convulse, si je pense qu’il a été brassé et que l’histoire des parents n’est pas fiable, mon réflexe serait de l’hospitaliser jusqu’à ce qu’on puisse clarifier ce qui s’est passé. Ce ne serait pas d’appeler la DPJ. » Surtout compte tenu de ses longues listes d’attente pour évaluer les dossiers.

Une sortie aussi sentie, ce n’est pas le genre de choses auxquelles le médecin a habitué la colline Parlementaire jusqu’ici… Dans ce dossier, on a plutôt été témoin de ses explications laborieuses sur le sort du directeur de la DPJ de l’Estrie. Il allait annoncer sa suspension en conférence de presse, mais le directeur l’a pris de court en l’informant juste avant qu’il se retirait temporairement de ses fonctions… « C’est sûr que, côté communication, ç’a été ardu […]. Dans ma tête, si tu arrêtes tes fonctions, tu démissionnes. Je ne savais pas que c’était quelque chose de faisable de se démettre de ses fonctions tout en gardant ses fonctions. C’est un truc de fonction publique. Il a le droit de se tabletter, c’est ça que j’ai appris ! »

Projet phare

« J’étais venu faire mon projet phare » en politique, améliorer le dépistage et la prise en charge précoces des retards de développement chez les enfants. « Je suis tellement à l’aise là-dedans. Mais quand Granby est arrivé, la réalité m’a un peu rattrapé. Mais j’ai grandi beaucoup depuis cet événement. »

Il n’en demeure pas moins qu’il reconnaît avoir connu des difficultés avec son « projet phare ». Le ministre croyait ajouter des spécialistes dans des équipes de professionnels en place dans tous les établissements « pour se rendre compte ensuite que les équipes en question dont il imaginait l’existence n’existaient plus » à plusieurs endroits ! a révélé le spécialiste André Lebon à La Presse juste avant d’être nommé vice-président de la commission spéciale sur la protection de la jeunesse.

La leçon ? « Il faut prendre un peu de recul, tout regarder, avant de finaliser sa décision », répond le ministre avec, encore une fois, une bonne dose d’humilité.

« C’est moi qui me mets le plus de stress sur les épaules de livrer la marchandise. On veut être une équipe de résultats », dit-il. Sa priorité ? Les délais d’attente pour qu’un enfant puisse voir un professionnel. 

« Ça n’a pas d’allure. Ça “gâche des vies”. Si tu as un problème de langage, et que ça peut prendre deux ans voir un orthophoniste, sorry, ça va rester toute ta vie. » 

— Lionel Carmant

Grâce à l’ajout de 800 professionnels, « à terme, on voudrait baisser les délais à trois mois ».

C’est la même ambition qui l’avait mené à la résidence de François Legault, le 11 septembre 2010, en compagnie des Charles Sirois, Christiane Germain, Normand Legault, Jean-François Lépine, Joseph Facal et Christian Rioux. Un groupe de réflexion qui allait mener plus tard à la création de la Coalition avenir Québec. « C’est vraiment le focus sur l’éducation des enfants qui était présent là et qui demeure le focus maintenant au gouvernement. C’est pour ça que je suis ici, moi. Je me sens à la bonne place pour ce que je voulais faire, mais c’est sûr que c’est un gros changement. »

Enrico Ciccone
PLQ

« C’est moi qui me suis fait brasser »

QUÉBEC — C’est peut-être la plus belle preuve qu’Enrico Ciccone est vraiment passé du hockey à la politique : il travaillait en commission parlementaire durant le septième match de la finale de la Coupe Stanley !

« T’as vu mon cartable ? Regarde ça ! », lance le député libéral en brandissant un document de trois pouces d’épaisseur rempli d’informations concernant le projet de loi sur l’encadrement du cannabis qui était alors à l’étude au Parlement.

« Je travaille en crucifix ! Je pose des questions pertinentes et j’essaie de trouver des coquilles. »

Mais ce soir-là, le gouvernement a reproché à ses collègues et lui de « filibuster ». « Ça a l’air niaiseux, mais c’est quoi, filibuster ? », a demandé Enrico Ciccone la première fois qu’il a entendu l’expression.

L’ancien hockeyeur et animateur sportif était au boulot pendant le duel Blues-Bruins… Jusqu’à ce que le ministre Lionel Carmant propose d’arrêter les travaux de la commission à 22 h, plus tôt que prévu. « Je suis allé voir la troisième période. Merci, Lionel ! »

Il a de bons mots pour le médecin, « même s’il est de l’autre côté » de la Chambre. « Je sais qu’il est là réellement pour aider les enfants. »

On est loin du gars qui jette les gants devant l’adversaire… « Moi, toute cette joute politique d’attaquer les autres… non », affirme le dur à cuire qui a accumulé près de 1500 minutes de pénalité en 374 matchs dans la LNH.

« Ce qui est ironique, c’est que c’est moi qui me suis fait brasser quand je suis arrivé en politique. »

C’était en février dernier. La ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, a refusé son idée de créer un « passe-sports », un registre des commotions cérébrales subies par chaque enfant.

« J’éprouve beaucoup d’empathie pour la situation de monsieur le député de Marquette quant à sa situation et aux séquelles avec lesquelles il doit vivre suite à des commotions cérébrales », lui a-t-elle dit au Salon bleu. Ouch. Elle a ajouté : « Je pense qu’il n’est pas habitué à se faire dire non. » Re-ouch. « Ça m’a fait de quoi », laisse-t-il tomber.

S’il y a une chose contre laquelle il doit se battre depuis son arrivée en politique, c’est un préjugé. 

« J’ai encore le besoin de prouver que je ne suis pas un joueur de hockey niaiseux et que je suis capable d’amener quelque chose. »

— Enrico Ciccone

C’est ainsi qu’il a voulu rapidement déposer un projet de loi, visant à créer le fameux « passe-sports » – l’un des 14 projets de loi présentés par les partis de l’opposition jusqu’ici.

Enrico Ciccone a vite déchanté. « C’est déposé et la journée même, le gouvernement me dit que ce n’est pas bon. Voyons, christie ! Dans ma tête, ici, on travaillait tous ensemble. Ma naïveté était là… »

Qu’on se comprenne bien : il adore la politique. C’est un verbomoteur quand il parle de ses débuts.

« Je ne suis pas un stratège », convient-il. Mais c’est à sa façon qu’il compte aider le Parti libéral à remonter la pente. Il est devenu « parrain » de la Commission-Jeunesse. Un bon défi, car « c’est dur d’embarquer les jeunes » en politique.

Il a néanmoins reçu un signal encourageant dernièrement de la part d’un jeune : son fils de 20 ans, à qui il n’a jamais imposé ses opinions politiques. Il ne sait même pas pour qui il a voté, pour la première fois, le 1er octobre.

« Il m’a appelé et m’a dit : “Papa, je veux juste te dire que j’ai contribué à ta caisse électorale et que je suis rentré membre.” Je suis venu les yeux pleins d’eau. Tabarouette, il a embarqué ! »

Rendez-vous au gym !

Sur le rebord d’une fenêtre de son bureau du parlement, il y a une pile de vêtements de sport et des chaussures d’entraînement. « J’ai pris 20 lb depuis que je suis arrivé ici ! », explique Enrico Ciccone. C’est souvent ce qui arrive sur la colline Parlementaire quand on mange un peu n’importe quoi sur le pouce et qu’on fréquente les restaurants. Pour garder la forme, il va au gym du parlement. Là où les ministres Bonnardel et Jolin-Barrette deviennent « François » et « Simon » parce que « c’est un endroit où la politique n’existe pas ». Mais c’est aussi un endroit vétuste… « Je travaille là-dessus. Ça n’a pas de bon sens, il faut changer ça. J’ai dit au président : “Si c’était plus invitant, plus de députés viendraient et votre Chambre serait pas mal plus calme. Le stress passerait là !” » À suivre.

Émilise Lessard-Therrien
QS

Une affaire de famille

QUÉBEC — Un aller-retour entre Rouyn-Noranda et Québec d’ici la fin de l’année. C’est ce qui reste dans la « banque » d’Émilise Lessard-Therrien.

Cette banque, c’est le nombre de voyages en avion remboursés par l’Assemblée nationale pour les déplacements d’un conjoint ou des enfants d’un député entre sa circonscription et la capitale. Le maximum est de cinq par année.

« Ce n’est pas beaucoup, alors que moi, je n’utilise pas les 55 déplacements comté-colline » auxquels a droit chaque député et qui ne sont pas transférables à la famille.

« On en discute au Cercle des jeunes parlementaires. Je leur ai dit que c’est un de mes enjeux. Parce qu’en habitant à l’autre bout du Québec, on voyage en avion, et c’est beaucoup plus coûteux », affirme-t-elle, soulignant que les règles sont plus souples à Ottawa.

La dernière fois que la petite Solène, qui aura 2 ans en septembre, et son père ont fait le voyage, c’est quand il ne restait plus de place pour maman dans le vol vers Rouyn-Noranda, un vendredi soir, après une semaine de travaux parlementaires.

« Ce samedi-là, il y avait un rassemblement de sinistrés à Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Je les avais rencontrés deux semaines avant, et ça m’avait un peu crevé le cœur de ne pas pouvoir aller à leur rassemblement. Mais finalement, comme je ne pouvais pas partir, j’ai dit à la famille : “Voulez-vous venir et on irait à Sainte-Marthe ?” Finalement, c’est ce qu’on a fait ! »

La conciliation travail-famille. C’est le premier sujet qu’elle cite quand on lui demande de commenter ses premiers pas en politique. 

« J’appréhendais cette adaptation-là, les déplacements aussi. J’avais ces appréhensions-là davantage que de savoir comment ça allait se passer dans l’enceinte du Parlement ! »

— Émilise Lessard-Therrien

Son modèle, c’est l’élue fédérale de sa région, Christine Moore (NPD), qui a eu trois enfants en étant députée. « Quand je la croise à l’aéroport avec sa poussette et sa petite, je me dis que c’est possible de le faire. Et j’espère pouvoir en inspirer d’autres. »

Son but en politique, c’est « d’améliorer le plus possible le futur de [son] enfant ». « Et ce que je ne lui donnerai pas à elle pendant mes années en politique, ça va peut-être le donner à tous les autres enfants », ajoute la députée de 27 ans.

Il y a des choses auxquelles une jeune femme n’échappe toujours pas au parlement. Certains députés se permettent de l’appeler « ma chouette » et « ma grande ». « Ce n’est pas pour mal faire », mais « c’est une attitude paternaliste ». « Ça me fait un peu grincer des dents. »

Sa circonscription était représentée par un membre du gouvernement depuis l’essentiel des 25 dernières années. Et elle reconnaît que des citoyens lui ont témoigné leur scepticisme quant à l’influence réelle d’une élue de l’opposition. « Mais heille, on peut faire beaucoup de choses ! On peut talonner le gouvernement, on a une parole libre ! Quand il y a des projets qui, en région, ne font pas l’affaire, go, j’y vais, je sors mon attitude combative ! »

Elle l’a fait, par exemple, quand elle a réclamé un examen du BAPE pour le projet de mine de lithium en Abitibi près des réserves d’eau les plus pures du monde.

Il reste que la réalité l’a rattrapée quand le gouvernement a refusé sa demande de tenir une commission parlementaire pour réfléchir aux moyens de « prévenir les inondations dans un contexte d’adaptation aux changements climatiques ». C’est sa « plus grande déception depuis le début ».

Elle se considère toujours comme « en apprentissage ». Une belle image quand on sait qu’elle vient de se faire reconnaître un baccalauréat en éducation.

Rien au monde n’aurait pu lui faire rater la collation des grades de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Pas même les bâillons à l’Assemblée nationale cette fin de semaine là.

Elle a quitté le parlement malgré la séance extraordinaire. Direction l’aéroport. Pour un aller sans retour à Québec avant septembre.

La fille du « Témis »

Vous pensez que Catherine Dorion, c’est le summum de l’originalité à Québec solidaire ? Eh bien, Émilise Lessard-Therrien chasse l’ours, l’orignal, la perdrix. Elle a une terre, qu’elle loue à un voisin, un grand potager et un moulin à farine. Tout ça dans son rang de Duhamel-Ouest que l’on peut voir sur une grande photo encadrée dans son bureau. « On avait un poulailler aussi et on vendait des œufs de consommation. Mais il y a une bête qui a anéanti notre cheptel. On s’est fait manger les trois quarts de nos poules par un chien qui est venu dans la cour et qui les a zigouillées les unes après les autres ! » À l’agenda de la députée cet été : « Magasiner des poules. »

Méganne Perry Mélançon
PQ

Un scénario de film

QUÉBEC — Les nouveaux élus dans l’opposition se cassent souvent la tête avec la stratégie à adopter pour défendre leurs dossiers face au gouvernement.

Vaut-il mieux hausser le ton et dénoncer sur la place publique toute incartade, le moindre accroc ? Ou choisir une méthode plus douce et le travail dans les coulisses dans l’espoir d’obtenir un gain ?

Méganne Perry Mélançon a choisi la deuxième option. « Je ne défonce pas les portes. Je les ouvre, je négocie, je collabore. Je ne me voyais pas être celle qui arrive toujours dans la confrontation » et qui « casserait tout », affirme la députée péquiste.

Son attitude explique probablement en partie qu’elle soit colauréate du titre « Révélation de l’année », dans un sondage récent réalisé par La Presse auprès de l’ensemble des députés.

Montrer les dents

C’est bien beau, le mantra de la « collaboration », mais l’élue péquiste dans Gaspé se demande si elle devrait montrer les dents un peu plus.

Elle se remémore un épisode où elle s’est abstenue de faire du « rentre-dedans » contre la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, qui a réalisé une « Grande Tournée des régions » du Québec… sans s’arrêter en Gaspésie ! Elle s’est contentée d’un arrêt à Matane, au Bas-Saint-Laurent.

Une déception d’autant plus grande pour la péquiste qui a fait de la défense des intérêts de sa région une priorité. Elle a de qui retenir à ce sujet : son père était membre des Patriotes gaspésiens !

Elle a donc tenté « de façon informelle », en privé, de convaincre la ministre Proulx de se rendre en Gaspésie. « Ça n’a pas fonctionné », reconnaît-elle.

Ce n’est que partie remise, et la ministre Proulx n’a qu’à bien se tenir : « Il va falloir que les résultats se voient éventuellement parce que, sinon, je vais changer de stratégie ! »

Pas simple de trouver son ton à l’Assemblée nationale. Pour le moment, elle le décrit ainsi : « Pas trop arrogante et pas trop à plat ventre non plus ! »

« Ce n’est pas toujours facile, parce que les gens n’aiment pas voir une femme parler trop fort. On le voit que des femmes qui ont un plus gros caractère à l’Assemblée nationale sont tout de suite catégorisées comme des pitbulls. Pourtant, elles font leur travail comme les autres ! » 

— Méganne Perry Mélançon

Elle doit elle-même se battre contre son image de « jeune inoffensive et naïve ».

Elle a connu le même défi en campagne électorale. Seule femme candidate dans Gaspé, âgée de 28 ans, elle a dû « mettre les bouchées doubles, voire triples » pour prouver sa crédibilité, raconte-t-elle.

Cette ex-étudiante en cinéma – notamment – juge que ses premiers mois sont dignes d’un scénario de film. Le 1er octobre, elle est déclarée battue par 132 votes. Elle a demandé un dépouillement judiciaire et elle l’a finalement emporté avec une mince avance de 41 voix.

À ses débuts, elle a été épaulée par une certaine Catherine Fournier… qui a ensuite claqué la porte du parti sans avertissement. « Il ne faut pas avoir de trouble de l’attachement en politique. C’est ce qu’on apprend au tout début », lâche-t-elle. Elle voit un bon côté à ce départ : elle a hérité du dossier de l’immigration, ce qui lui a donné plus de visibilité !

Alors la politique, par moments, « ça fait un peu House of Cards », selon elle. « Mais pour arriver à mes fins, jamais je ne vais pousser quelqu’un devant un bus ! » Fiou.

Un « drôle » de bon coup

Son bon coup depuis les élections ? S’être « opposée fermement au projet de Cuda Pétrole et Gaz alors qu’il n’y avait aucun élu, ni au gouvernement ni dans les municipalités, qui s’était encore positionné, car ils essaient de ménager la chèvre et le chou ». C’est tout de même « drôle » que son bon coup, c’est de vouloir stopper un projet plutôt que d’en « pousser » un, reconnaît-elle. Le projet concerne le gisement Galt, à 20 km de Gaspé. « Ça donnerait peu de retombées économiques, il y aurait des risques environnementaux et, sincèrement, on le sait qu’il n’y a pas de potentiel dans la filière des hydrocarbures en Gaspésie. Ce serait 40 ans d’exploitation pour l’équivalent de 42 jours de consommation de pétrole au Québec ! »

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