Un « pré fleuri » au-dessus de l’autoroute Ville-Marie
Le gagnant
La société d’architecture Lemay, en collaboration avec l’artiste Angela Silver et la firme d’ingénierie SNC-Lavalin, a séduit le jury composé de neuf femmes et deux hommes avec une proposition audacieuse qui relie le Vieux-Montréal au centre-ville grâce à une dalle inclinée qui s’élève vers le Champ-de-Mars. « Ses qualités architecturale et environnementale contribueront à effacer la cicatrice causée par la construction de l’autoroute Ville-Marie dans les années 70 », a dit la mairesse Valérie Plante en point de presse, hier. La place des Montréalaises occupe le quadrilatère délimité par l’avenue Viger au nord, l’avenue de l’Hôtel-de-Ville à l’ouest, la rue Saint-Antoine au sud et le centre de recherche du CHUM à l’est.
Le thème
Lancé en 2017, le concours international d’architecture avait pour thème la commémoration de 21 Montréalaises qui ont marqué la mémoire et l’histoire de la ville, dont les 14 victimes de la tuerie de Polytechnique, en 1989. Au nombre des femmes honorées : Jeanne Mance, cofondatrice de Montréal, Marie-Josèphe-Angélique, esclave noire, Idola Saint-Jean, militante féministe, Ida Roth Steinberg, femme d’affaires, Myra Cree, autochtone d’origine mohawk qui a été chef d’antenne à Radio-Canada, Agnès Vautier, joueuse de hockey, et Jessie Maxwell Smith, enseignante de la Petite-Bourgogne. Leurs noms seront imprimés sur des marches au centre de la grande place où pourront se tenir des spectacles.
Le tunnel
Le projet lauréat comprend un énorme plan incliné qui surplombe la rue Saint-Antoine, reliant le Champ-de-Mars à la station de métro. Le tunnel qui passe actuellement sous la rue Saint-Antoine sera détruit avant le début des travaux, dans deux ans. Cette solution proposée par Lemay est non seulement originale et innovante, mais elle permet de réduire la facture de 12 millions. Chose rare : le budget global consacré au projet est passé de 74 millions, en 2017, à 62 millions, en 2018. Les automobilistes vont pouvoir circuler sous le plan incliné depuis la rue Saint-Antoine et la bretelle de sortie de l’autoroute Ville-Marie.
Le parc
Quatre espaces distincts composent le plan incliné : un amphithéâtre urbain le long de la rue Saint-Antoine, une esplanade pouvant accueillir 3600 personnes aux abords de l’avenue de l’Hôtel-de-Ville, une forêt le long de l’avenue Viger et un chemin du côté du centre de recherche du CHUM, reliant la rue Gosford et la rue Sanguinet. La dalle inclinée sera percée de 400 trous, de 5 formats différents, conçus pour favoriser la croissance des plantes et une floraison en constante évolution durant l’été. C’est ce que les architectes désignent sous le nom « pré fleuri ». « L’espace va permettre aux gens de déambuler librement », indique Patricia Lussier, architecte paysagiste chez Lemay.
Les objets
Le parc des Montréalaises comprendra aussi trois objets architecturaux : « un objet trouvé, un objet transformé et un objet nouvellement créé », précise Mme Lussier. L’objet trouvé est la station de métro Champ-de-Mars. L’édicule du ministère des Transports est l’objet transformé dans la mesure où il sera masqué par la présence d’un écran de forme cylindrique réfléchissante. Et le nouvel objet est l’emmarchement de commémoration des femmes. En plus des noms, des citations, des faits importants, des dates et des anecdotes historiques seront inscrits à l’intérieur de la paroi des trous du « pré fleuri ».
Le calendrier
La réalisation de la conception détaillée et des plans et devis de l’aménagement de la place et de la nouvelle passerelle piétonne se feront d’ici décembre 2019. Suivront au début de 2020 l’appel d’offres public et l’octroi d’un contrat de réalisation des travaux. Quant au chantier, il devrait s’étendre de l’été 2020 à l’été 2022. Le parc des Montréalaises occupera une portion d’environ 125 m de l’autoroute Ville-Marie qui a été recouverte l’an dernier au coût de 68 millions de dollars par le gouvernement du Québec, dans la foulée des activités marquant le 375e anniversaire de Montréal.