Automobile

La Chine en voie de gagner la course du tout-électrique

L’annonce n’a pas provoqué de carambolages sur nos routes. Pourtant, elle devrait déclencher une alarme dans l’industrie automobile.

La semaine dernière, le japonais Nissan et sa coentreprise locale ont annoncé qu’ils investiront 12 milliards de dollars en Chine – en cinq ans seulement – pour gonfler la production de véhicules électriques.

Nissan va introduire pas moins de 20 modèles électrifiés d’ici à 2022, date à laquelle ces voitures représenteront 30 % de ses ventes au pays. L’investissement sera mené par le chinois Dongfeng Motor, la coentreprise qu’il possède depuis 2003.

Or, ce pari énorme vient s’ajouter à une liste de plus en plus longue de projets majeurs déballés depuis un an dans l’empire du Milieu, qui met le turbo dans la course à la voiture propre. Si bien que lors de son passage à Shanghai peu avant Noël, le grand patron de Ford, William C. Ford, déclarait déjà un gagnant. 

« C’est clair, la Chine va mener le monde dans le développement des EV [véhicules électriques]. »

— William C. Ford

Goldman Sachs est aujourd’hui du même avis. Selon la banque de Wall Street, la Chine va absorber plus de 60 % du marché mondial de l’auto électrique d’ici à 2030.

Pourquoi Ce pari électrique ?

La Chine a toutes les raisons de vouloir éteindre le moteur à combustion pour miser sur le tout-électrique. Environ 30 % de la pollution atmosphérique qui asphyxie le pays est due aux véhicules à essence, selon le gouvernement.

De plus, l’industrie automobile locale souffre d’un retard technologique sur les motorisations à essence. Pékin veut donc purifier l’air du pays… tout en faisant un grand saut technologique.

Aussi, peu avant Noël, les autorités chinoises ont surpris tout le monde en annonçant qu’elles préparaient un calendrier pour bannir les véhicules à essence – probablement d’ici à 2030 –, devançant ainsi la France et le Royaume-Uni qui visent 2040.

Déjà le plus grand marché

Plus de 507 000 véhicules électriques ont été vendus en Chine en 2016, soit 45 % de la production mondiale. L’an dernier, les ventes auraient atteint 700 000 véhicules… en route vers la barre des 3 millions d’unités prévues en 2025, selon les plans de Pékin.

Premier marché automobile de la planète, selon la China Association of Automobile Manufacturers (CAAM) – avec 28 millions de véhicules vendus en 2016, soit près de 30 % de la production mondiale –, la Chine a cependant du chemin à faire pour nettoyer son parc automobile.

Les voitures propres (électriques et hydrides) ne représentaient que 1,4 % du marché automobile en 2016, selon la banque australienne Macquarie. Elle soutient toutefois que ce chiffre croît rapidement et atteint aujourd’hui 2,3 %.

Pour l’instant, les routes chinoises sont dominées par les VUS, ces 4x4 urbains qui pèsent pour 40 % du marché, selon le courtier CLSA, de Hong Kong.

Une multitude de projets

Il reste que le pays le plus peuplé du monde a amorcé un grand virage vert et les constructeurs mondiaux montent à bord.

L’américain Ford a créé en novembre une coentreprise avec le chinois Zotye Auto, spécialisé dans l’électrique, avec un investissement commun de 1 milliard de dollars.

L’allemand Volkswagen s’est associé au groupe JAC, tandis que son compatriote Daimler (Mercedes) a choisi le chinois BYD, expert du tout-électrique et dont 10 % des actions sont détenues par nul autre que le milliardaire américain Warren Buffett.

L’alliance Renault-Nissan a quant à elle créé l’été dernier avec Dongfeng une nouvelle coentreprise, baptisée eGt New Energy Automotive. Son plan : produire des « véhicules électriques à prix compétitif », soit de 6000 euros chacun environ.

les batteries, La Clé

La détermination chinoise de gagner la course des EV est particulièrement évidente dans le secteur des batteries.

Contemporary Amperex Technology Ltd. (CATL) s’apprête à boucler un financement de près de 2 milliards US, avec l’aide de Goldman Sachs, pour construire l’une des plus grandes usines de batteries du monde.

Sa production de 25 gigawatts sera tout juste en deçà de celle de l’usine de Tesla, au Nevada (28 gigawatts), mais la production totale de CATL surpassera ultimement celle de l’américain et des autres fournisseurs mondiaux réunis.

130 gigawatts

Production totale de batteries en Chine d’ici trois ans, soit trois fois plus que le reste du monde, selon Bloomberg Energy Finance.

« La Chine veut être le Detroit des véhicules électriques », a récemment déclaré à Bloomberg un dirigeant de Pala Investments, un fonds suisse qui investit dans les équipements pour véhicules électriques. « Il n’y a pas de doute […], les Chinois vont mener le monde en matière de capacité et, éventuellement, de technologies. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.