Hawaii

Kauai, l’île aux éternels cocoricos

Surnommée l’île-jardin de l’archipel d’Hawaii, Kauai est reconnue pour sa nature exubérante, ses grandes plages tranquilles et ses vagues gigantesques sur lesquelles s’amusent les surfeurs virtuoses. Mais impossible de ne pas remarquer aussi son étonnante faune ailée.

Si l’emblème de l’État reste la jolie oie néné, l’oiseau omniprésent dans la petite île est le… coq. Et, évidemment, la poule et ses poussins.

Ils vous suivent partout : sur les plages, les terrains de stationnement, les terrasses des restaurants, les parcs, les trottoirs ou le long des routes où ils représentent souvent un défi pour le conducteur inexpérimenté.

Depuis quelques décennies, leur nombre est en croissance constante. Ils deviennent parfois une plaie dans certains quartiers et en milieu agricole, car ils raffolent des graines et des jeunes semis. Pourtant, les touristes les apprécient et rares sont ceux qui ne prendront pas le temps de faire quelques photos de leur plumage flamboyant.

Non seulement ils règnent sur tout le territoire, en quête perpétuelle d’un bout de pain ou d’un reste de lunch, mais on les entend à toute heure du jour… et de la nuit.

Les boutiques de souvenirs ont flairé la bonne affaire depuis longtemps et doivent vendre plus de peluches, de cartes postales et de t-shirts illustrant le coq que d’articles mettant en vedette l’oie néné.

À les voir voler allègrement sur de courtes distances, on comprend qu’il est difficile de les capturer pour en faire un coq au vin. Pour les habitants de l’île, ils font partie du patrimoine et sont même utiles, car ils dévorent une foule d’insectes répugnants.

Un patrimoine centenaire

Plusieurs de ces volatiles possèdent une partie de l’ADN du coq sauvage (aussi appelé coq doré) introduit dans l’île il y a plus de 800 ans par les premiers colonisateurs polynésiens. Cette espèce asiatique est à l’origine de toutes les races de poules que l’on connaît dans le monde. Elle fait partie du patrimoine de Kauai. Un autre contingent de 850 coqs sauvages a aussi été importé dans l’île en 1939, et certains de ces oiseaux se sont hybridés peu à peu avec les coqs échappés d’élevage après l’arrivée des Européens.

Puis, dans les années 80 et 90, deux puissants ouragans ont détruit les nombreux poulaillers commerciaux et domestiques, libérant ainsi des centaines, voire des milliers d’oiseaux dans la nature. Tant et si bien que depuis cette époque, la population de coqs a connu une augmentation considérable.

Beaucoup plus discret, le coq doré existe encore à l’état sauvage en milieu forestier à Kauai et il est protégé par la loi, indique le biologiste Thomas Kaiakapu, du département hawaiien des Terres et des Ressources naturelles, au bureau de Kauai. Par contre, insiste-t-il, les coqs rencontrés en milieu habité un peu partout dans l’île sont considérés comme des oiseaux échappés d’élevage, même si leurs pattes vertes, par exemple, démontrent qu’ils descendent en partie du coq sauvage. Les Hawaiiens peuvent les trapper et les manger quand bon leur semble. En milieu agricole, il est permis de les chasser au fusil. Étonnamment, la population locale semble davantage les apprécier vivants que sur la broche. Et ils ne figurent sur aucun menu de restaurant.

Néné, l’oie la plus rare au monde

Emblème de l’État d’Hawaii où elle est endémique, l’oie néné reste l’espèce d’oie la plus rare au monde. On en compterait aujourd’hui autour de 2500 dans l’archipel, notamment à Big Island, Maui et surtout Kauai, où l’on en dénombre plusieurs dizaines, notamment sur les terrains de golf. Contrairement aux autres îles de l’archipel, les maléfiques mangoustes n’ont jamais été introduites à Kauai.

Néné descendrait directement de la bernache du Canada, notre outarde, il y a plus de 500 000 ans. La population a commencé à décliner après l’arrivée des colons européens dans l’archipel. Perte d’habitats à cause de l’agriculture, introduction d’espèces prédatrices comme le rat, le chat ou la mangouste et une chasse sans merci dans les années 40 sont en cause. Si bien qu’au début des années 50, on ne comptait plus que 30 ou 40 nénés sur tout le territoire insulaire.

Un programme de réintroduction à partir d’oiseaux élevés en captivité notamment en Angleterre a été mis sur pied, mais il a fallu de nombreux lâchers et des décennies pour atteindre une reproduction naturelle évitant une disparition définitive.

Si la population continue à grandir lentement, la prédation demeure un important facteur limitatif, d’autant qu’un prédateur nouveau genre perçoit aussi son tribut : l’automobile. D’ailleurs, de nombreux panneaux le long des routes invitent les automobilistes à ralentir et à faire attention aux oies.

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