Tuerie en Nouvelle-Écosse

Treize heures sanglantes

Pour la première fois depuis la tragédie de la fin de semaine dernière, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a diffusé hier une chronologie détaillée des 13 heures pendant lesquelles Gabriel Wortman a semé la mort. Le tireur a parcouru de longs kilomètres pour tuer 22 personnes et en blesser plusieurs autres. Un récit à glacer le sang.

UNE PREMIÈRE agression

Heure : Avant 22 h 26 samedi

Lieu : Portapique

La cavale meurtrière de Gabriel Wortman commence samedi soir par un affrontement physique avec son amie de cœur, dans la résidence secondaire qu’ils occupent à Portapique, comme l’a rapporté La Presse. Le surintendant Darren Campbell, de la GRC, a affirmé vendredi que la femme avait été victime d’une « agression sérieuse ». Elle prend la fuite dans les bois entourant la maison, où elle passe la nuit, sans pouvoir appeler les secours. Elle n’en ressort que le lendemain matin vers 6 h 30 et rapporte à la police que Wortman dispose d’un véhicule qui ressemble à s’y méprendre à une voiture de police.

UN carnage

Heure : 22 h 26 samedi

Lieu : Portapique

La GRC intervient à Portapique pour des coups de feu signalés par un citoyen qui a composé le 911. Au cours des heures suivantes, les policiers découvrent les corps de 13 victimes assassinées à sept endroits dans le petit village d’une centaine d’habitants. Plusieurs maisons sont en flammes, dont celle de Wortman. À l’arrivée des gendarmes, un automobiliste signale avoir été pris pour cible par un tireur au volant d’une voiture aux allures d’un véhicule de police. Le surintendant Campbell a expliqué que la GRC croyait alors que le responsable du carnage se trouvait toujours dans le secteur de Portapique, qui était bouclé.

le tireur réapparaît

Heure 9 h 35 dimanche

Lieu : Glenholme

On ne sait pas encore ce que Wortman a fait pendant la nuit. Mais dimanche matin, peu avant 9 h 35, le tireur réapparaît pour prendre d’assaut une résidence à des dizaines de kilomètres de Portapique, tue ses trois occupants (deux hommes et une femme) et incendie le bâtiment. « Au moins deux de ces victimes étaient connues du tireur », a indiqué le surintendant Campbell. Il cogne ensuite à une autre porte du même secteur. Les occupants le reconnaissent, n’ouvrent pas la porte, mais appellent le 911 et l’identifient. Ils confirment aux autorités que le tireur conduit une voiture de police.

des passants pour CIBLES

Heure : 10 h 08

Lieu : Debert

Wortman continue sa cavale meurtrière. Sur la route, il tire sur des passants et des automobilistes, profitant apparemment de la confusion créée par le fait qu’il est au volant d’une voiture ressemblant en tous points à un véhicule de patrouille. « Je suis policier depuis 30 ans et je ne peux pas imaginer des circonstances plus horribles que de tenter de chercher quelqu’un qui vous ressemble », a dit hier le surintendant Campbell. « C’est dangereux, c’est compliqué. C’était un avantage pour le suspect face à la police, face au public, face à quiconque qu’il rencontrait sur son chemin. »

UNE RENCONTRE FATALE

Heure : 10 h 49

Lieu : Shubenacadie

L’agent Chad Morrison de la GRC attend l’agente Heidi Stevenson, à laquelle il a donné rendez-vous à l’intersection des routes 2 et 224. Il voit un véhicule de patrouille s’approcher et croit que sa collègue arrive, mais c’est plutôt le tireur. Ce dernier ouvre le feu et blesse le policier, qui arrive toutefois à quitter les lieux. L’agente Stevenson arrive rapidement et fait une collision frontale avec le véhicule de Wortman, qui l’abat. Il tue aussi un automobiliste qui s’était arrêté près du lieu de l’accident, lui vole sa voiture et se rend au domicile d’une femme qu’il connaît pour la tuer. « À ce moment, il retire son uniforme de police », a indiqué le surintendant Campbell.

FIN DE LA course meurtrière

Heure : 11 h 26

Lieu : Enfield

Au volant de la voiture qu’il a volée à son avant-dernière victime, Wortman s’arrête dans une station-service de la municipalité d’Enfield pour faire le plein. Des hommes du groupe d’intervention tactique se trouvent sur place pour remplir le réservoir de leurs véhicules. Ils le reconnaissent. L’horrible course meurtrière de Gabriel Wortman en Nouvelle-Écosse se termine lorsqu’il est abattu par l’un de ces policiers.

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