MAISON Déco

L’histoire de famille de Mjölk

En plein cœur du quartier Junction, dans l’ouest de Toronto, un magasin de meubles est situé au rez-de-chaussée d’une maison victorienne. Mais derrière ses murs et ses baies vitrées, on trouve bien plus que des objets de décoration : c’est toute une vie de famille qui se déroule aux étages supérieurs… et qui joue le rôle, accessoirement, d’extension de la boutique. Visite et explications.

Toronto — Il y a maintenant 10 ans que la boutique Mjölk est ouverte tous les jours, beau temps, mauvais temps. Ce matin de début d’été ne fait pas exception, alors que les propriétaires, John Baker et sa femme Juli Daoust Baker, sont déjà sur place. Pendant que John déguste son café en nous parlant, Juli s’affaire à prendre les photos du céramiste qui expose ce mois-ci dans leur espace galerie. Elle est assistée de Frank, le gérant du magasin, qui est aussi le frère de John. Pendant ce temps, leurs deux enfants de 5 ans et 7 ans sont partis à l’école, juste au coin de la rue, pour leur dernière semaine avant les vacances. Quant au chien de la famille, il est paresseusement couché par terre pendant que tout ce beau monde s’agite devant lui.

Ce petit moment volé au quotidien est bien représentatif de leur vie de tous les jours. Parce que Mjölk (qui veut dire « lait » en suédois, donc prononcer « milk »), c’est d’abord une affaire de famille. En effet, la demeure victorienne de la rue Dundas Ouest abrite non seulement la boutique du couple, mais aussi son logement. Une situation quasi idéale pour le couple entrepreneur, car elle lui permet de concilier plus facilement famille et travail, affirme John Baker.

« C’est un peu comme un magasin traditionnel, à l’image de ce qui se faisait il y a 100 ans. Nous sommes une entreprise familiale, qui fait partie de la communauté et du voisinage parce que nous vivons ici. Ce serait très différent si nous avions un magasin dans une rue commerciale et que nous habitions ailleurs. »

— John Baker

Reflet de la passion du couple, la boutique vend surtout des meubles d’inspirations scandinave et japonaise, ainsi que des accessoires. « J’adore le style Mid-Century, mais je crois qu’il a besoin d’être équilibré avec autre chose », poursuit le propriétaire, qui est aussi musicien à ses heures.

L’espace à l’avant tient lieu de galerie, où des artistes exposent leurs créations presque tous les mois. Au cours de notre passage, il s’agissait du céramiste Renaud Sauvé, qui vit à Irlande, un petit village du… Québec. « Nous exposons souvent de la poterie parce que nous adorons la céramique ! », précise John Baker.

De la boutique à la maison

Il faut emprunter une petite porte près de l’entrée du magasin pour passer dans l’espace plus « privé ». On monte alors au deuxième niveau, où se trouvent un grand vestibule et les chambres. Puis, une autre volée de marches nous mène au troisième, où se situent les espaces de vie : la cuisine et la salle à manger d’abord, puis le salon auquel on accède par un couloir qui contourne la cour intérieure, permettant à la lumière d’entrer à flots. « Quand nous sommes arrivés, c’était plus fermé, il n’y avait pas de cour, explique John Baker. C’est nous qui avons fait faire l’ouverture. » Bien que le couple soit très à l’aise avec les questions de design, les travaux de rénovation ont été réalisés avec l’aide de la firme locale d’architectes Studio Junction.

Dans le salon, devant, de grandes baies vitrées donnent sur la rue animée. Au fond, derrière la cuisine, une immense fenêtre s’ouvre sur un grand espace rempli de verdure. Tout comme dans la boutique, la maison dégage ce même design épuré, ce même souci pour la lumière et l’esthétisme, sans compter qu’on y reconnaît une bonne sélection de meubles vendus en magasin !

Bien que la maison soit son espace privé, le couple invite parfois les clients à venir lui rendre visite pour leur donner une idée du résultat auquel ils peuvent s’attendre en achetant un de ses meubles. « D’une certaine façon, notre maison est aussi un peu l’extension de notre magasin, souligne John Baker. On y a des meubles qui proviennent d’en bas et on invite les gens en haut pour qu’ils puissent venir voir comment ces pièces vieillissent avec le temps. »

« La plupart des gens disent qu’ils ne peuvent pas s’offrir tel ou tel morceau parce qu’ils ont des enfants ou parce qu’ils ont un chien. Nous leur disons : “On a les deux, venez en haut, on va vous montrer !” »

— John Baker, copropriétaire de la boutique Mjölk

D’ailleurs, cela permet à John de réaffirmer sa philosophie, qu’il enseigne aussi à ses enfants : « Au lieu d’acheter des meubles pas chers qui seront détruits par les enfants et les animaux, optez plutôt pour des meubles d’excellente qualité qui sont conçus pour y résister. »

Quand ils ne sont pas en ville, John et Juli passent du temps à la campagne, dans la ferme qu’ils ont acquise il y a quelques années. C’est d’ailleurs là qu’ils s’en allaient, sitôt la dernière journée d’école terminée. Une merveilleuse façon de décrocher de la vie en ville, celle qui réunit la maison… et le travail.

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