Consommation d’alcool

Les bons côtés du « Dry January »

Le « Janvier sec », ou « Dry January », obtient de plus en plus de succès, ici comme ailleurs dans le monde, pour ses effets bénéfiques sur la santé. Ce défi, qui consiste à ne pas boire une goutte d’alcool pendant tout le mois de janvier, vient du Royaume-Uni où, depuis 2013, des millions de Britanniques ont adopté cette pratique, afin de se remettre des excès du temps des Fêtes.

Le Dr Richard de Visser, psychologue de l’Université de Sussex, en Grande-Bretagne, a réalisé une étude sur 800 Anglais qui avaient participé au « Dry January » de 2018. Les candidats ont déclaré avoir eu un meilleur sommeil, plus d’énergie, une plus grande capacité de concentration, une plus belle peau pour certains, tandis que d’autres avaient perdu du poids et que tous avaient économisé de l’argent.

Pierre Ouimet fait pour la première fois le « Janvier sec » et sent déjà les bénéfices « Mon sommeil est ininterrompu, je me sens mieux dès le matin quand je me lève, j’ai les idées claires, je me sens plus en forme et j’ai plus d’énergie. Je suis convaincu que je vais diminuer ma consommation d’alcool après ce mois sans en boire. » Il constate que boire de l’alcool reste un plaisir de la vie. « Je trouve ça facile d’arrêter alors que j’avais le réflexe le soir de prendre une bière ou un verre de vin en cuisinant et de continuer à boire pendant la soirée. »

C’est la troisième année qu’Evelyne Brouillard participe au mouvement. Satisfaite des effets ressentis jusqu’à présent, elle souhaite même cette fois poursuivre le défi pendant tout le mois de février.

« Ça fait un bien fou au corps, je me sens vraiment mieux. La première année, je suis passée à travers un voyage pour le travail à Los Angeles avec de nombreux soupers sans boire. Je sentais que j’avais repris le contrôle sur ma volonté. »

— Evelyne Brouillard

Elle observe qu’après quelques jours de festivités pendant le temps des Fêtes, elle avait déjà hâte à son mois de janvier sans alcool. « Pourtant, personne ne me force à boire, mais dans les partys, c’est festif, et les gens te jugent quand tu ne bois pas et te disent : “Allez, juste un verre !” », observe-t-elle.

« Notre corps nous parle, et c’est une très bonne idée de ne plus boire en janvier. Notre foie sera heureux », affirme la Dre Catherine Vincent, hépatologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Elle explique que chez la plupart des gens, pendant le temps des Fêtes, il y a une consommation quotidienne et abusive d’alcool, en plus d’une surcharge calorique. Comment le corps réagit-il ? « Il va stocker du gras sur le foie et il va développer un phénomène de stéatose, un “foie gras”. L’alcool cause une surcharge en gras sur le foie assez rapidement. Quand on arrête de boire pendant 30 jours, ce gras va vite disparaître. Il est donc très sain de participer au “Janvier sec”, car ça va permettre à notre foie de se débarrasser de ce surplus de gras. S’il restait sur le foie, il provoquerait une inflammation. »

Les jeunes aussi

Les jeunes aussi embarquent dans le projet. Mathis Rattier, 18 ans, est étudiant à HEC Montréal. C’est sur Facebook qu’il a vu passer l’idée de ne plus boire en janvier et il s’est dit « pourquoi pas ! ». « Ça revigore le corps, ça fait du bien, surtout avec la reprise des cours à l’université, dit-il. Pendant l’année, on boit beaucoup les week-ends lors des soirées. On a tendance à croire que, pour s’amuser, il faut boire. Je vais rester au Coke et aux jus de fruits ce mois-ci, et on verra quels seront les bénéfices. »

La conseillère d’arrondissement du district Mile-End Marie Plourde, qui participe au défi pour la première année, pense qu’il est bon de prendre du recul et de se questionner sur sa consommation d’alcool et même sur son alimentation. « Pendant le temps des Fêtes, il y a eu trop de bouffe, trop d’alcool, trop de tout. On ressent le besoin physique de ne plus boire. J’ai envie de ne manger que de la salade, de la soupe, de boire de l’eau et des tisanes pendant un mois, ça va faire du bien ! », lance-t-elle.

Les effets nocifs liés à la consommation d’alcool sont souvent sous-estimés, souligne la Dre Catherine Vincent. « L’alcool n’affecte pas juste le foie, ça affecte toute la qualité de vie ; la qualité du sommeil, de l’énergie, de notre forme physique. Ce qui est bien avec ce mois de janvier sans alcool, c’est que beaucoup de gens vont rapidement s’apercevoir des bénéfices de la vie sans alcool et vont peut-être adopter des habitudes de vie plus saines », affirme l’hépatologue.

Défi 28 jours

Pour ceux qui ont manqué le « Dry January », la Fondation Jean Lapointe invite les Québécois à relever le défi de la sobriété avec la 6e édition du Défi 28 jours sans alcool dès le 1er février. Les fonds récoltés vont au financement des ateliers de prévention des toxicomanies de la Fondation Jean Lapointe.

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