Portfolio Sciences de la vie

Le financement est au rendez-vous

Le grand domaine des sciences de la vie, qui englobe le secteur des technologies de la santé, a le vent dans les voiles à Montréal depuis deux ans et un signe ne trompe pas : le financement est au rendez-vous. Un grand contraste par rapport à la débandade des années 2010.

Acasti Pharma, une entreprise de Laval qui travaille sur un médicament cardiovasculaire à base d’oméga-3, a fait une émission d’actions de 24 millions de dollars au début d’octobre. L’entreprise montréalaise Theratechnologies, spécialisée dans les traitements pour les sidéens, a émis des débentures convertibles de 57,5 millions US en juin.

À l’été 2017, Clementia, une entreprise biopharmaceutique montréalaise qui propose des traitements pour les personnes atteintes de troubles osseux ultrarares, a réussi son entrée en Bourse. Quelques mois avant, Repare Therapeutics avait obtenu 68 millions US en capital de risque et DalCor Pharmaceutiques a réussi à aller chercher 150 millions pour développer un médicament pour une population génétiquement distincte présentant une maladie cardiovasculaire.

Tout un revirement pour ce secteur qui, au début de la décennie 2010, vivait les fermetures successives des centres de recherche des grandes entreprises pharmaceutiques. Plusieurs chercheurs de ces multinationales se sont d’ailleurs replacés dans ces PME qui réalisent maintenant la recherche dans les phases précoces de développement.

« Depuis deux ans, il y a un bel élan, l’ensemble du secteur va très bien et d’ailleurs, l’emploi est revenu à ce qu’on avait avant les fermetures avec environ 56 000 emplois au Québec, dont 80 % sont dans le Grand Montréal », affirme Frank Béraud, président-directeur général de Montréal InVivo, la grappe des sciences de la vie et des technologies de la santé du Grand Montréal.

Il remarque aussi de plus en plus de jeunes pousses lancées pour exploiter des avancées en intelligence artificielle appliquées au domaine des sciences de la vie.

« C’est certain que l’effervescence qu’on vit à Montréal autour de l’intelligence artificielle et des données renforce le dynamisme du secteur des technologies médicales et des biotechnologies, explique Frank Béraud. Je crois aussi qu’avec cette diversification des métiers, le secteur devient plus sexy pour les jeunes. »

LE GOUVERNEMENT DERRIÈRE LES ENTREPRISES

Alors que le rebond était déjà visible, Québec a décidé de soutenir le secteur en lançant la Stratégie québécoise des sciences de la vie 2017-2027.

« La stratégie et l’investissement de 205 millions de dollars qui l’accompagnait ont envoyé un signal très fort au secteur, alors la phase ascendante s’est poursuivie », affirme Frank Béraud en précisant que, déjà, plus de 80 % de la stratégie a été réalisée ou est en cours de réalisation.

On pense par exemple au programme BioMed Propulsion, qui accorde des prêts participatifs aux entreprises du secteur. Pour être admissibles, elles doivent être allées chercher trois fois la somme demandée auprès d’investisseurs.

Un appel de projets vient aussi d’être lancé pour accompagner les entreprises en sciences de la vie dans les stades précoces de développement. En collaborant avec un incubateur ou un accélérateur, elles peuvent obtenir du financement allant jusqu’à 75 % de leurs dépenses admissibles.

« Toutes les aides au financement sont les bienvenues, parce que les entreprises en démarrage en sciences de la vie sont continuellement en train de chercher des fonds pendant les années où elles développent leurs produits. » — Frank Béraud

Le Québec se situe au 10e rang en Amérique du Nord pour sa compétitivité dans le domaine des sciences de la vie et des technologies de la santé.

La Stratégie cible l’atteinte du top 5 d’ici 2027 et l’attraction de 4 milliards d’investissements privés d’ici 2022 alors qu’ils ont été de 1 milliard dans les cinq dernières années.

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