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C’est vrai que l’éducation n’est pas importante au Québec. L’une des raisons ? Les enfants ne votent pas aux élections.

— Michelle Bachand

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« L’école, c’est l’affaire de tous ! », éditorial d’Alexandre Sirois

L’école, un milieu exigeant, mais motivant

Oui, l’école, c’est l’affaire de tous, mais c’est berner les enfants que leur faire croire que l’école c’est amusant et facile. Pour certains, c’est même l’enfer.

Que faire ? L’encadrement et le soutien des parents sont la base de l’éducation. Il faut des enseignants compétents qui sont capables d’émerveiller les enfants. Finalement, pour compenser la difficulté qu’éprouvent plusieurs enfants à demeurer assis et à se concentrer, un environnement dynamique hors des heures de cours est nécessaire.

L’école doit devenir un milieu de vie qui motive le désir de l’enfant d’y passer du temps. Le milieu demeurera quand même exigeant, et la discipline et la rigueur seront la règle. Cependant, contrairement à la tendance, il est illusoire de croire que la facilité pourrait avoir sa place.

— Claude Vincent, Laval

« Pour une revalorisation de l’école publique », texte de Boucar Diouf

Les parents et l’école, un rôle commun

Il est rafraîchissant de vous voir marier les responsabilités des parents à celles de l’école, car les deux ont un rôle commun pour la réussite des jeunes. Je pense que l’éducation est le rôle principal des parents afin d’en faire des adultes accomplis, car ils ont la responsabilité totale du jeune tout au long de sa vie en ce qui concerne le savoir-vivre. De son côté, l’école complète les connaissances. Il faut aussi revaloriser le rôle des enseignants en leur accordant un meilleur statut, et des écoles où il fait bon apprendre à se dépasser.

— Monique Deschênes, Brossard

« L’élève à cœur », texte de Véronique Dalpé

Les jeunes n’acceptent pas l’autorité

Autrefois enseignante, je suis d’accord pour dire que les enfants ont des connaissances, mais peu de compétences, qu’ils sont surprotégés et qu’ils n’acceptent pas l’autorité. Mes petits-enfants font partie des milléniaux. Ils ont beaucoup de difficulté à intégrer le milieu du travail. Ils sont instruits, ont les compétences, mais ne négocient pas avec l’autorité. Quand on discute avec eux, ce sont de véritables encyclopédies, mais ils sont incapables de mettre leurs belles théories en pratique.

Quant à l’intégration des enfants en difficulté dans les classes ordinaires à plein temps, c’est une bonne recette pour désintéresser les plus forts de l’école.

— Louise Ferland

La vie devant eux

J’ai travaillé, écouté, enseigné, aimé pendant 36 ans des enfants de 6, 7 ans. L’école, je l’ai encore tatouée sur le cœur et la situation actuelle qui perdure depuis plusieurs années me fait mal.

Qu’on laisse nos petits de la maternelle découvrir, créer, s’exprimer, rire et danser. Qu’on leur permette de manipuler de petits objets, ça les aidera à mieux écrire. Qu’on leur lise des histoires, ils désireront apprendre à lire. Qu’on commence à leur faire connaître les œuvres des grands musiciens et des grands peintres en les amenant aux musées, aux concerts. On ne devrait pas être pressés, car ils ont toute la vie devant eux. Je suis contre l’intégration faite en si grand nombre. L’enseignant n’est pas une superinfirmière qui doit panser tous les bobos. L’intégration de plusieurs enfants en difficulté dérange et ralentit l’apprentissage des autres élèves de la classe.

— Louise Côté

L’amour des enfants

Investir en éducation est tout à fait louable, mais cet investissement ne doit pas être uniquement pécuniaire. D’abord et avant tout, nous atteindrons nos cibles en investissant dans des enseignants de qualité, qui ont à cœur l’élève en tout premier lieu. La formation académique est importante, mais l’enseignant en devenir a plus de chance d’obtenir de bons résultats s’il a la passion de l’enseignement et l’amour des enfants. Je crois sincèrement qu’on ne devrait pas se diriger vers l’enseignement si on ne possède pas ces atouts.

Rappelons-nous : les enseignants qui nous ont marqués, ceux qui nous ont donné le goût de l’école, n’étaient pas nécessairement les plus grands académiciens, mais ceux qui savaient se mettre à notre hauteur, ceux qui nous valorisaient et avaient à cœur notre réussite.

— Nicole Lavoie

« Pour une approche universelle », texte d’Annick Vincent

J’enseigne de moins en moins

J’enseigne depuis 24 ans. Votre liste est théoriquement parfaite. Considérant le fait que notre école primaire d’environ 500 élèves, située en milieu défavorisé, bénéficie d’un soutien à temps partiel d’une technicienne en éducation spécialisée, de l’aide d’un psychologue deux jours par semaine, de services d’orthophonie et d’ergothérapie quasi inexistants (faute de moyens), je tente cette question : je fais quoi demain avec celui qui est étendu par terre et qui parle sans cesse ? Je fais quoi avec celui qui est bloqué par son anxiété et qui refuse de travailler ? Je fais quoi avec les trois allophones ? Je fais quoi avec le dysphasique ? Je fais quoi avec les deux dyspraxiques ? Les quatre TDAH ?

J’enseigne depuis 24 ans. Je sais gérer un groupe, je sais quoi enseigner et varier mes approches. Je sais accueillir mes élèves et créer un lien. Mon Dieu est l’éducation.

J’enseigne depuis 24 ans. Mon problème : j’enseigne de moins en moins.

— Marylène Plante

Tous seraient gagnants

Je suis tout à fait d’accord avec la Dre Vincent. Comme elle le mentionne, tous seraient gagnants : les directions d’école, les enseignants, les élèves avec et sans besoins particuliers, les parents, etc. Imaginez tout le temps récupéré à faire moins de plans d’intervention. Imaginez le bien-être des élèves présentant certaines différences (TDAH, troubles spécifiques des apprentissages), dans une approche inclusive plutôt que centrée sur leurs besoins particuliers. Et que dire des élèves pour qui l’apprentissage se fait un peu moins aisément, mais pour qui il n’y a pas de plan d’intervention dans le système actuel ? Ils bénéficieraient certainement de tous ces aménagements.

Encore aujourd’hui, dans les écoles, on ne permet pas l’utilisation des dictionnaires numériques. Je ne sais pas trop de quoi on a peur. On ne le permet que pour les élèves dont la mention est inscrite dans un plan d’intervention.

— Joanne Landry

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La formation continue des enseignants, et le courage que ça prend

Je suis ravie des discussions qui portent sur l’éducation, quoique rien de ce qui est dit soit nouveau. Comme le dit Philippe Meirieu, en éducation, « tout a déjà été dit, mais tout reste à faire ».

On revient souvent sur l’importance de la formation continue des enseignants. Il s’agit en effet d’une clé passe-partout ; elle contribue au développement professionnel tout en valorisant la profession enseignante.

Or, actuellement, il y a un empressement de revoir l’aménagement physique, l’alimentation et les saines habitudes de vie à l’école. Ce sont des dossiers peu coûteux, mais qui font rayonner les bonnes intentions du ministre. Peu de coûts, beaucoup de visibilité.

Revoir, cependant, les modalités de développement professionnel à long terme des enseignants exige beaucoup plus de courage, puisqu’il s’agit d’un chantier qui s’ouvrira sans jamais se fermer et qui coûtera une fortune que les Québécois ne sont pas prêts à payer.

Les étudiants en enseignement font bel et bien un baccalauréat qui dure 4 ans. Ces derniers enfilent des cours et des stages jusqu’à plus soif.

Ayant peu d’expérience, ils se retrouvent devant moi comme des « élèves de l’université » et non pas comme des professionnels de l’enseignement.

Ils tiennent à réussir leurs cours, la plupart sont curieux, rigoureux et ouverts, mais sans une bonne connaissance des élèves et de la réalité d’une classe, ils n’ont pas la profondeur que nous souhaitons.

C’est quelques mois ou quelques années plus tard, lorsqu’ils reviennent, que les savoirs et la pratique s’articulent. Je me retrouve donc avec bonheur aux cycles supérieurs devant des étudiants qui ont, cette fois, des questions complexes, rencontrent des défis sur le plan de l’enseignement et de l’évaluation, puis sont maintenant intensément conscients des enjeux de leur travail. En somme, pour une professeure d’université, ce sont les étudiants que je rêve d’avoir au quotidien.

Néanmoins, il y a un gros caillou dans le soulier. Ces mêmes étudiants sont des enseignants et des parents à temps plein. Je me trouve devant les personnes les plus volontaires du monde, mais dans un état d’épuisement inquiétant. Je me demande, chaque trimestre, si je contribue réellement à leur formation continue ou encore à leur détresse psychologique. Fermer la porte de sa classe à 17h, passer à la maison superviser les devoirs et le souper, puis arriver frais et dispos à 18h sur les bancs de l’université, franchement, ne me dites pas que c’est facile.

Plusieurs enseignants trouvent ainsi irréaliste de conjuguer leur vie professionnelle et familiale avec leur vie étudiante et je ne les blâme pas. Ils se rabattent, non sans espoir, sur des formations ponctuelles, aussi insignifiantes qu’inefficaces, qui font défiler des recettes pédagogiques ou des connaissances en surface à une telle vitesse qu’ils en ressortent encore plus désemparés. Mais le milieu scolaire n’encourage pas d’autres formes de développement professionnel à long terme.

Qu’est-ce qui est mis en place pour offrir aux enseignants le temps de se former, de réfléchir, d’expérimenter, à long terme ?

Vous imaginez les coûts de ce développement professionnel pour tous les enseignants ? Qui est prêt à payer pour cela ? Plusieurs tentent de proposer des solutions bricolées, comme l’ajout d’une cinquième année de baccalauréat, que l’on ferait passer pour une maîtrise. Ce ne sont pas des années de plus à la formation initiale qui est souhaitable, mais bien la formation continue une fois dans la pratique.

Vous voulez des enseignants passionnés et passionnants, au courant des recherches, prêts à revoir leurs approches pour les améliorer, qui savent composer avec les défis et la beauté de l’apprentissage auprès de tous les élèves ? Eh bien, il va falloir payer pour ça.

— Catherine Turcotte, professeure au département d’éducation et formation spécialisées de l’UQAM

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