Préliminaires SVP, d’Adamo

Devenir « juste Adamo »

Après une dizaine d’années à faire de la musique hip-hop et une victoire à la téléréalité Occupation double Bali, Adamo Marinacci vise une carrière solo en musique. Le rappeur, qui lance un album vendredi, veut se faire un nom sans qu’on l’accole systématiquement à OD. En quête de reconnaissance, il est toutefois conscient qu’il n’est pas facile de passer d’« Adamo d’Occupation double » à « juste Adamo ».

« Je ne crache pas sur OD », répète plusieurs fois Adamo au cours de la trentaine de minutes d’entrevue qu’il nous accorde. S’il « travaille fort depuis deux ans pour enlever l’étiquette OD » accolée à son nom et son visage, il est inévitable que l’on s’attarde sur son passage à la populaire émission (et sa victoire) lorsque l’on discute avec Adamo de ses ambitions musicales.

D’abord, parce que de son propre aveu, c’est pour faire mousser l’engouement envers son projet de l’époque, le duo Gros Big, qu’il s’est inscrit à l’émission. Son meilleur ami, colocataire et deuxième moitié de Gros Big, J7, l’a mis au défi de s’inscrire. « Je venais de perdre ma blonde, je vendais du pot dans ma caravane 2003 à Longueuil… Je me suis dit “pourquoi pas, je vais essayer”. Le but premier en y allant, c’était de dire “Gros Big” le plus souvent possible à l’écran », raconte Adamo.

C’est exactement ce qu’il a fait. Prêt à être éliminé assez tôt dans l’aventure, Adamo s’est rendu jusqu’à la fin. « J’ai gagné et je ne m’y attendais tellement pas », dit-il. C’est là qu’OD s’est avéré primordial dans son parcours musical. Sa popularité dans l’émission lui a ouvert de nombreuses portes. « L’industrie [de la musique], c’est une question de contacts et plus tu as de la visibilité, plus les gens t’approchent », soulève Adamo.

« C’est Occupation double qui m’a fait connaître, je ne peux pas nier ça. Ça a changé la donne. C’est facile de faire la promo d’un visage déjà connu. » 

— Adamo

Ainsi, il ne souhaite pas que le public oublie sa participation à l’émission. Simplement qu’on puisse voir au-delà.

Le coup de pouce d’Instagram

Adamo a 134 000 abonnés sur Instagram. Un auditoire considérable, qu’il doit, encore une fois, à OD. Sa relation envers les réseaux sociaux est conflictuelle. « J’ai une grande fan base, mais les gens sont plus intéressés à savoir avec qui j’ai soupé hier soir qu’à connaître ma musique », soutient Adamo, avouant avoir hâte de renverser la vapeur.

Ces derniers temps, le rappeur a mis toutes ses énergies sur la promotion de sa musique sur ses plateformes sociales. Il profite de sa popularité du mieux qu’il peut. « J’utilise [les réseaux sociaux] de plus en plus pour la musique à cause de la quarantaine, parce que c’est la seule façon que j’ai de rejoindre le monde, dit le rappeur de 32 ans. Je ne peux pas faire de lancement. Une chance que j’ai les réseaux sociaux. »

Préliminaires SVP sera ainsi lancé sous forme de direct Instagram, le 1er mai. « J’ai une crainte de sortir mon album pendant la pandémie, avoue Adamo. Mais je n’ai jamais considéré repousser le lancement. »

« J’ai travaillé un an sur l’album. C’est un stress que j’ai hâte d’enlever de mes épaules, j’ai hâte de voir la réponse du public. »

— Adamo

Avant tout, Adamo se dit « confiant ». Préliminaires SVP est intitulé en référence au parcours du rappeur, raconte-t-il. « C’est une sorte de blague sur ma carrière. Ça fait tellement longtemps que je fais de la musique, c’est le temps que je “rentre”. Aussi, quand je suis sorti d’OD, j’avais l’impression que tout le monde me sautait dessus pour avoir de la publicité, il n’y avait aucun préliminaire », explique Adamo. Il ne s’en cache pas, un titre comme celui-ci vise aussi à « faire réagir ».

De l’amertume à la popularité

Quant au contenu du disque, il n’a « aucune ligne directrice ». « Je ne veux pas que le monde dise que l’album est tout le temps pareil et qu’ils passent à autre chose après quelques chansons », dit Adamo, qui trouve que certains albums rap ne sont qu’« une seule toune pendant tout un album ». 

Du rap québ franglais aux sonorités pop et dansantes, en passant par la chanson humoristique, son album à lui veut englober toutes sortes de styles. « Si tu l’écoutes de la première à la treizième, il y en a pour tout le monde, chacun va trouver au moins une chanson qu’il aime », croit celui qui a commencé à faire de la musique vers ses 15 ans, à la mort de son père, « pour [s’]évader ».

« Pour les textes, j’y suis allé avec ce que je vivais, sans me mettre de limites », ajoute-t-il. La pièce Lonely, parue plus tôt ce mois-ci, a été écrit à Bali, pendant Occupation double. Elle s’attarde à l’amertume du rappeur face au milieu du hip-hop et des médias traditionnels à l’époque.

« Je m’attendais à me faire reprocher d’avoir fait OD pour les mauvaises raisons et de n’être connu que pour ça. Alors je me suis défendu d’avance avec cette chanson. Aussi, les médias laissaient entrer un artiste hip-hop et ne faisaient de la place que pour lui, comme pour dire qu’ils avaient fait leur part. J’étais amer de tout ça », confie Adamo.

Finalement, à sa surprise, la réponse du milieu a été positive à son retour d’Indonésie, ce qui lui a permis de se tailler une place. L’heure n’est maintenant plus au ressentiment et le vent semble avoir tourné en sa faveur.

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Dès le 1er mai

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