LA VIRÉE DES GALERIES

Quelles sont les expositions à voir ce week-end ? Chaque jeudi, nos critiques en arts visuels proposent une tournée de galeries et de centres d’artistes. À vos cimaises !

La Castiglione 

Histoires de territoires

Montréal compte l’une des rares galeries canadiennes d’art contemporain qui se consacrent exclusivement à la photographie. La Castiglione propose jusqu’au 29 septembre Territoires I, une expo de photographies regroupant les œuvres d’une douzaine d’artistes aux bagages bien différents. 

Marie-Josée Rousseau a ouvert La Castiglione il y a quatre ans dans le but de soutenir la création photographique contemporaine. Pas facile d’emprunter cette voie, la photographie ne bénéficiant pas de la même vigueur sur le marché de l’art que la peinture ou la sculpture. Mais la galeriste montréalaise se fait violence de tout de même représenter une douzaine d’artistes, certains bien établis et d’autres moins aguerris aux rigueurs du marché. 

Pour sa rentrée automnale, elle propose un reflet de sa stratégie artistique et commerciale avec un joli patchwork de styles. Les artistes qu’elle a choisis ont en commun de s’être abreuvés largement à la notion de territoire. L’expo Territoires I est ainsi un premier jet de points de vue sur la géographie canadienne, tant rurale qu’urbaine. Marie-Josée Rousseau prévoit revenir plus tard sur ce thème qui ne manque pas de déclinaisons… 

Sylvie Readman

Avec Sylvie Readman, représentée par la galerie Laroche/Joncas, le visiteur découvre une étude minimaliste de ces terrains de banlieue en situation transitoire, le passé industriel ayant légué un secteur disgracieux en attente de revalorisation. La photographe expose ainsi des étendues de désolation, à Saint-Hubert, sur la Rive-Sud, des lieux d’abandon en quête d’harmonie visuelle et sociale. 

Denis Farley 

Tout près, cinq photographies critiques de Denis Farley, qui s’est intéressé aux antennes paraboliques, tours de télécommunications, relais radio ou de communication téléphonique dont la laideur s’insère de plus en plus dans notre environnement urbain. 

« Et on ne s’en rend même pas compte », s’exclame Marie-Josée Rousseau en montrant la photo d’une église montréalaise dont le clocher sert de support technologique à un réseau cellulaire. Même le dôme de la tour de l’Université de Montréal est pourvu d’antennes de transmission.

Denis Farley a pris des photos de ces équipements et leur a donné un caractère artistique au moyen de la solarisation et d’un dédoublement de l’image. Des photos documentaires et mystérieuses sur un sujet urbain, technologique et environnemental. 

Michel Huneault

On retrouve aussi à La Castiglione quatre images de la série Roxham de Michel Huneault, qu’on avait découvertes au Centre Phi en mars. En 2017, le photographe s’était rendu 16 fois au chemin Roxham, dans le sud du Québec, à la frontière américaine, pour assister à l’arrivée de demandeurs d’asile entrant irrégulièrement au Canada pour être aussitôt arrêtés par des agents de la Gendarmerie royale du Canada. Des photos qui soulèvent un malaise tout en évoquant avec doigté les cultures de ces migrants en quête de paix. 

De Marie-Christiane Mathieu, Marie-Josée Rousseau a retenu cinq photos prises durant sa traversée du Canada avec la technique du sténopé qu’elle avait adaptée à sa caravane. Cela donne des images sombres et étranges sur des paysages combinant environnement naturel et zones habitées. 

Diplômée de Concordia, Laurence Hervieux-Gosselin présente trois photographies chargées de sens et à la mise en scène appuyée, réalisées hors des villes. Avec une vieille motoneige Bombardier abandonnée dans un champ, une énigmatique croix catholique irradiante et un panneau publicitaire orangé. Le tout doté d’une belle recherche sur la lumière et les contrastes. 

Normand Rajotte

On retrouve avec plaisir les photographies de nature de Normand Rajotte. Des images évoquant le travail, souvent embarrassant, des castors ! Des photos bien construites, qui parlent de cohabitation territoriale, d’environnement sauvage et de saisons.

Enfin, la codirectrice du centre de diffusion et de production de la photographie VU, à Québec, Anne-Marie Proulx, étonne avec ses arrangements de photographies d’archives. Des images anciennes, en noir et blanc, du nord du Québec qui révèlent la géologie et la géomorphologie locales, mais aussi l’histoire minière sur des terres autochtones. 

Des photos associées par deux qui réinventent un relief, un nouveau territoire. Et une autre histoire.

Territoires 1, à la galerie La Castiglione (372, rue Sainte-Catherine Ouest, local 416, Montréal), jusqu’au 29 septembre

VIRÉE DES GALERIES

En bref

KAI McCALL

Le peintre montréalais Kai McCall expose ses nouvelles toiles figuratives dès ce soir à la galerie LeRoyer, dans le Vieux-Montréal. Avec Elusive Luminosity, Kai McCall poursuit son dialogue entre histoire de l’art et style contemporain grâce à de grandes peintures d’héroïnes féminines. Le vernissage a lieu ce soir, à 17 h.

Elusive Luminosity, de Kai McCall, à la galerie LeRoyer (24, rue Saint-Paul Ouest, Montréal), jusqu’au 16 septembre.

VINCE BEAUCHEMIN

Le peintre, dessinateur et illustrateur Vince Beauchemin expose ses dessins et toiles à l’Usine C jusqu’au 10 septembre. Une trentaine d’acryliques et d’encres sur papier sur le thème de la sensibilité humaine. « Mes “modèles” sont des gens que je croise et que je dessine à leur insu. J’essaie de capter leurs émotions, ce qu’ils dégagent ou l’ambiance dans laquelle ils évoluent », dit l’artiste qui a déjà exposé à Amsterdam, Istanbul, Milan, Melbourne, New York, Shanghai, Paris et Miami.

Vince Beauchemin, à l’Usine C (1345, avenue Lalonde, Montréal), jusqu’au 10 septembre. 

DIANE T. TREMBLAY

L’artiste montréalaise Diane T. Tremblay poursuit son parcours amorcé il y a déjà plus de 30 ans avec une nouvelle exposition présentée au Centre d’action culturelle de la MRC de Papineau, à Saint-André-Avellin, jusqu’au 14 septembre. Jouant sur les perceptions, Tissage et mécanisme présente sept œuvres à l’encre de Chine, un travail de représentation du fil qui révèle une sorte de langage. 

Tissage et mécanisme, de Diane T. Tremblay, au Centre d’action culturelle de la MRC de Papineau (3, rue Principale, Saint-André-Avellin), jusqu’au 14 septembre

Armure, à Ottawa

Vous serez en famille à Ottawa en fin de semaine ? Profitez des derniers jours de l’exposition Armure, au Musée canadien de la guerre. Avec des armures historiques provenant du Museo Stibbert de Florence, en Italie, et toutes sortes d’équipement de protection utilisé par les militaires, les policiers, les hockeyeurs et les acteurs de cinéma, notamment l’armure d’Iron Man et le costume porté par « le Meunier » (Bullet Farmer) dans Mad Max : Fury Road (La route du chaos). Les visiteurs peuvent aussi essayer des reproductions de pièces d’armure…

Armure, au Musée canadien de la guerre (1, place Vimy, Ottawa), jusqu’au 3 septembre. 

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