Le « Banksy de Québec » signe une nouvelle œuvre sur les inégalités

Si vous vous promenez au centre-ville de Québec ou à Lévis, vous apercevrez peut-être des collages de personnages en chute libre. C’est le nouveau projet de l’artiste de Québec Wartin Pantois, intitulé Ruissellement, qui aborde la question des inégalités sociales, mais aussi l’entraide qui en découle.

Les premiers personnages ont été collés mardi, mais le produit final a été dévoilé vendredi matin. Ce nouveau projet donne suite à celui qu’il avait fait sur le mur du théâtre La Bordée, à Québec, intitulé La beauté sauvera le monde.

Dans ce projet, des personnages lèvent les bras au ciel pour réceptionner un homme en chute libre. « À la base, je voulais travailler sur l’entraide et les inégalités sociales et est venue l’idée du ruissellement », explique l’artiste que l’on reconnaît comme étant le « Banksy de Québec ».

La théorie du ruissellement est une idée libérale selon laquelle les revenus des plus riches finissent par être réinjectés dans l’économie grâce à la consommation ou aux investissements. Cela contribuerait donc à la création d’emplois et à la santé économique générale, qui profiterait au reste de la société.

« Il faut comprendre que quand les riches deviennent plus riches, c’est souvent accompagné d’un phénomène où les pauvres aussi deviennent plus pauvres. Peut-être que c’est la pauvreté qui ruisselle finalement. »

— Wartin Pantois

Pour explorer davantage cette théorie et l’accroissement des inégalités sociales, Wartin Pantois a fait appel au philosophe Alain Deneault qui a écrit, entre autres, de nombreux essais sur des questions économiques et sociales. Il a donc réalisé une balado d’environ 35 minutes, où le penseur donne un « cours » sur le propos pour ceux qui veulent aller plus loin dans cette réflexion.

« Il explique son point de vue sur cette théorie, sur le régime capitaliste et sur comment les jeux de pouvoir s’y créent. Il élabore sa pensée à partir de l’œuvre, mais aussi à travers des paradigmes théoriques », ajoute Wartin Pantois, enthousiaste.

Une œuvre plus « dramatique »

Contrairement à son œuvre sur le mur du théâtre La Bordée, cette fois, les personnages au bas de l’image ne lèvent pas les bras pour attraper le malheureux en chute. Ils sont trop occupés à aider les gens déjà au sol.

« C’est un amoncellement d’éclopés qui aident d’autres personnes à se relever. Si on ne s’attarde pas aux causes plus systémiques des inégalités, les gens vont continuer à tomber. »

— Wartin Pantois

Il souligne les actions concrètes des organismes, mais estime qu’il faut changer le système au grand complet.

On peut aussi observer le même personnage dans plusieurs rôles de cette œuvre. « Je pense que chacun dans son parcours de vie peut être en chute ou celui qui aide quelqu’un d’autre », indique l’artiste. Tous les personnages sont collés sur des murs d’organismes complices du projet, comme le Centre aide et prévention jeunesse de Lévis, où se trouve la scène principale. Les modèles des photos sont également des jeunes en compagnie d’intervenants de leur organisme.

Wartin Pantois conçoit que la COVID-19 a fait ressortir les inégalités sociales, mais il ne voulait pas dévoiler le projet au cœur de la crise. Maintenant que l’on parle aussi d’autres enjeux dans l’espace médiatique, il pense que c’est le bon moment.

« Durant la pandémie, on a vu qu’il n’y avait pas que des inégalités de richesse, mais bien des inégalités sociales reliées à l’accès aux soins, par exemple. J’ai commencé le projet avant la pandémie, mais là, c’est certain qu’il peut prendre un autre sens. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.