Des nouvelles des aventuriers

Il lance son « plus grand projet à vie »

L’appel de l’aventure est puissant. Ils sont plusieurs à y répondre, à laisser le confort de côté pour se lancer dans des expéditions dans des régions isolées. Pause s’intéresse à leurs expériences.

Le projet

Frédéric Dion s’engage dans son « plus grand projet à vie » : au cours des 10 prochaines années, il tentera d’atteindre le centre de chaque continent (ce qu’il appelle le pôle intérieur) par des moyens sportifs : randonnée, vélo, kayak, kitesurf, etc. Ce point central n’est pas important en soi : certains pôles intérieurs sont facilement accessibles, notamment en Amérique du Nord et en Europe. « C’est le chemin pour se rendre qui est important », fait valoir l’aventurier.

Il entend mener une expédition tous les deux ans, en commençant par l’Amérique du Sud et en finissant par l’Europe en 2029. Dans chaque cas, il s’agira de partir de la mer. La longueur du parcours variera entre 1000 et 4000 km. Il s’agira d’expéditions qui dureront d’un à quatre mois.

« Il ne s’agira pas nécessairement d’une ligne droite. L’idée, c’est de visiter les plus beaux paysages, de relever un défi à la hauteur de ce que je veux relever. »

Chaque expédition sera distincte et nécessitera des modes de déplacement différents. « Ça me permettra d’exploiter ma plus grande force dans le domaine de l’aventure : ma polyvalence. »

Frédéric Dion entreprendra la première expédition avec une petite équipe en novembre prochain pour atteindre le pôle intérieur de l’Amérique du Sud, « une petite vallée en arrière d’un petit village » au Brésil.

L’idée

Il y a quatre ans, Frédéric Dion a parcouru 4483 km en Antarctique, en skis, tracté par un cerf-volant. Il a d’abord atteint le pôle intérieur (ou pôle d’inaccessibilité, le point situé le plus loin de toutes les mers) avant de rejoindre le pôle Sud géographique et de réaliser une traversée du continent.

« En faisant mes recherches sur l’Antarctique, j’ai réalisé qu’il existait un répertoire des pôles intérieurs de chaque continent. Il y a des gens qui ont atteint tous ces points, mais personne ne l’a fait de façon sportive. C’est ça, le défi. »

La préparation

Frédéric Dion entend suivre la même stratégie pour chaque expédition : d’abord faire un voyage de repérage, puis réaliser la véritable expédition une année plus tard. C’est ainsi que l’aventurier vient de faire un voyage de repérage au Chili et en Bolivie.

« Ça me permet d’aller chercher une certaine sécurité dans le projet, ce qui est important par rapport à ma famille. »

C’est ainsi qu’il voulait vérifier une rivière qu’il entendait descendre dans le cadre du projet. Les 40 premiers kilomètres présentaient un dénivelé de 600 m. Il fallait voir sur place si c’était praticable.

« J’ai quelques réponses à mes questions. »

L’autre grand élément de la préparation, c’est le financement. « Ce n’est pas évident même pour un aventurier professionnel au Québec. »

Frédéric Dion espère avoir des commandites, mais il compte également sur une forme de financement participatif.

« C’est là où j’ai le plus de succès pour financer mes aventures. Je fais des conférences prédépart : je rencontre les gens, je présente mon projet, je parle de mes craintes, de la préparation. »

Cinq conférences sont déjà prévues à Laval, Trois-Rivières, Longueuil, Sherbrooke et Québec. La vente de billets permet de ramasser des fonds, mais parfois, des gens offrent une aide matérielle.

« On me dit : “Ton vélo est trop pesant, tu veux fabriquer un traîneau : j’ai une usine, je peux t’aider.” »

Les défis

Pour Frédéric Dion, le plus grand défi, c’est le climat géopolitique dans les pays qu’il espère traverser. « Je n’ai pas de contrôle là-dessus. En Afrique, je ne suis pas certain de pouvoir suivre le plus beau trajet disponible. En Chine, il se pourrait qu’il me soit impossible d’aller dans certaines régions. »

Il y a aussi des défis physiques : un des trajets qu’il évalue pour l’Amérique du Sud passerait par le désert de l’Atacama, au Chili. Il pourrait aussi être nécessaire de traverser les Andes, à 4700 m d’altitude.

Pour l’instant, Frédéric Dion est en parfaite condition physique : pas de blessures, pas de tensions.

« Mais dans 10 ans, à 51 ans ? Je ne sais pas ce que mon corps va me permettre. »

L’aventurier cherche toutefois à se concentrer sur un projet à la fois.

« Si je les prends tous à la fois, ça donne le vertige. »

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