Les astuces de Laura Vanderkam

Quatre personnes notoirement occupées ont testé pour nous les sept astuces de Laura Vanderkam, pendant sept jours. Compte rendu.

Les astuces de Laura Vanderkam

« Ça m’a fait prendre conscience de plusieurs choses »

Quatre personnes notoirement occupées ont testé pour nous les sept astuces de Laura Vanderkam, pendant sept jours. Compte rendu.

Valérie Larouche

Directrice générale de Mères avec pouvoir (MAP), organisme à but non lucratif qui soutient les femmes chefs de famille monoparentale

Enfants : une fille handicapée à temps plein et deux belles-filles à temps partiel

Heures travaillées : « le plus possible ! », entre 40 et 45 par semaine

Sur une échelle de 1 à 10, où 10 indique un sentiment absolu de débordement : « 10 ! »

La jeune femme a embarqué avec enthousiasme dans notre défi, lequel tombait pour elle à point, à un moment de sa vie où elle se sentait particulièrement « dans le jus ».

Verdict ? « Ça m’a fait prendre conscience de plusieurs choses, que j’ai décidé de faire autrement. » Un exemple entre mille : arrêter de se dire qu’elle n’accomplit rien. En faisant le bilan de sa journée, la directrice générale a réalisé : « Crime, j’en fais, des affaires ! » Finies aussi, les journées sans s’arrêter. Elle prend maintenant le temps de jaser avec ses employés ou de dîner en gang.

Le week-end du défi, Valérie Larouche est allée dans la famille de son conjoint avec les enfants. Au sous-sol, tout ce beau monde s’est amusé à chanter du Samantha Fox dans le tapis. « Au lieu de penser à tout ce que je ne faisais pas à la maison parce qu’on était à Québec, j’ai dit aux filles : “On va s’amuser.” » Si ça a été satisfaisant ? « Définitivement ! répond-elle. Vraiment ressourçant. »

Quant à la question de ne pas bourrer son agenda, la directrice générale avoue que ce n’est franchement pas sa « force ». Cela dit, finis les textos en marchant au travail ou les commandes vocales à son téléphone en voiture. Finis, aussi, les coups de fil pour prendre un énième rendez-vous tout en poussant sa fille dans une balançoire au parc. « Je ne passe pas plus de temps avec elle en soi, mais je sens que je suis plus disponible. »

Ultime changement : Valérie Larouche a décidé d’accepter qui elle est, et comment elle fonctionne. « Là, je choisis de travailler plus, et ça me satisfait, j’adore mon travail, conclut-elle. Mais je suis aussi capable de m’arrêter. » Non, elle n’est pas moins stressée, mais somme toute « plus positive, plus souriante et plus en contrôle ».

Les astuces de Laura Vanderkam

« Arrêter de se plaindre, ça fait vraiment une belle différence »

Quatre personnes notoirement occupées ont testé pour nous les sept astuces de Laura Vanderkam, pendant sept jours. Compte rendu.

Dominique Brown

Propriétaire des Chocolats Favoris

Enfants : cinq, âgés de 5 mois à 14 ans

Heures travaillées : « C’est difficile de savoir quand ça s’arrête. Moi, beaucoup se passe dans ma tête… »

Sur une échelle de 1 à 10, où 10 indique un sentiment absolu de débordement : « 5. J’ai des semaines intenses, mais je fais une distinction entre l’intensité du travail et le sentiment d’être débordé. »

Il a 30 magasins partout au pays. Un millier d’employés. Cinq enfants. Et un rôle de Dragon, à la télé. N’empêche, au téléphone, Dominique Brown semble avoir tout le temps du monde pour nous raconter ses semaines, ses défis, comment il gère et profite de la vie.

« Il y a beaucoup de ces recommandations que je faisais déjà », dit-il en nous racontant comment, chaque matin, il se lève aux aurores pour jouer aux jeux vidéo, puis sortir marcher. Du temps pour lui, visiblement, il en trouve et il en prend.

Il nous parle de son mains-libres, un petit jeudi matin, en conduisant. La voiture est d’ailleurs son lieu privilégié pour faire le point, mentalement, sur ce qu’il a à faire. Il précise par contre faire bien attention de ne jamais surcharger son agenda (« les meetings, ça m’énerve »), il prend sciemment le temps de jaser avec ses employés (« parce que les meilleures idées, on ne les a pas en étant débordé ») et, au besoin, il fait carrément une petite sieste le midi. « Comme quoi, j’ai du temps ! »

Entre autres astuces, Dominique Brown confie avoir déménagé pour se rapprocher de l’école des enfants, essayer de ne pas penser au travail quand il est en famille et savoir depuis longtemps que les moments entre amis changent la vie. Un petit souper improvisé ? « On se sent plus libre ! »

Un seul défi a été plus dur à relever. Une astuce qu’il va d’ailleurs essayer de conserver :  arrêter de se plaindre, dit celui qui tolère « difficilement » les « obstacles » (« un réseau lent, un ordinateur qui ne répond pas… »). « C’est drôle parce que ma conjointe ne savait pas que je faisais cet exercice et m’a dit à quel point, cette semaine, j’étais le fun et de bonne humeur ! »

Avant de nous quitter, il insiste pour nous faire part de deux astuces supplémentaires pour gagner (ou cesser de perdre) du temps et se concentrer sur l’essentiel : apprendre à faire confiance et à déléguer, et enlever le mode vibration sur son cellulaire. « Ça a été transformateur pour moi. Et c’est super niaiseux ! »

Les astuces de Laura Vanderkam

« Ce sont beaucoup des habitudes que j’avais déjà »

Quatre personnes notoirement occupées ont testé pour nous les sept astuces de Laura Vanderkam, pendant sept jours. Compte rendu.

Marco Dodier

Président et chef de la direction de DuProprio

Enfants : quatre, âgés de 7 mois à 6 ans

Heures travaillées : « 50, si la réflexion ne fait pas partie du “travail” »

Sur une échelle de 1 à 10, où 10 indique un sentiment absolu de débordement : « très variable : du lundi au vendredi, je dirais 8. Du vendredi au dimanche : 3. »

Nos sept astuces n’ont pas été un très gros défi pour Marco Dodier. Pour cause : « Ça m’a fait prendre conscience de ce que je faisais déjà ! »

Sur tous les plans : le président se fait un devoir de faire « respirer son agenda », s’entoure au travail de gens positifs (parce que les gens négatifs, « c’est drainant »), se planifie des sorties « récurrentes » avec sa conjointe, n’est pas sur Facebook (trop loin du « moment présent ») et se tient même loin de son téléphone la fin de semaine (« sauf en cas d’urgence »).

Entre autres astuces, Marco Dodier a aussi choisi d’accepter le « feu roulant » de la semaine (« tout le monde court ! »). Sauf que la fin de semaine, « on n’a plus rien de tout ça », dit-il. « On voit la famille et les amis. » Bref, « c’est l’équilibre par l’extrême ! »

Et il confirme aussi que le fait de planifier des activités fait effectivement étirer le temps. « Un week-end de trois jours à l’extérieur, ça paraît aussi long qu’une semaine et demie à la maison. »

Et oui, mieux vaut savoir bien s’entourer, confirme-t-il aussi. « Ce n’est pas pour rien qu’on dit qu’il faut un village pour élever des enfants. Si on ne voit personne, le week-end est beaucoup plus difficile. »

Enfin, quant à l’astuce d’investir dans son temps, le président le fait, et pas à peu près. « Je ne fais que ça ! » Il a choisi d’habiter un quartier à distance de vélo du travail (pour faire du sport et éviter le stress des bouchons), fait ses voyages d’affaires en train (pour profiter de ce temps pour travailler) et, à la maison, sous-traite (« mais vraiment, vraiment tout ») ce qui peut être sous-traité. Entre l’aide ménagère et le responsable de la piscine ou du gazon, il avoue en riant ne pas faire « grand-chose à la maison ! » Et il s’en félicite : « Parce que le but, c’est de se donner de l’oxygène ! »

Les astuces de Laura Vanderkam

« Les méthodes universelles, ça me tape sur les nerfs »

Quatre personnes notoirement occupées ont testé pour nous les sept astuces de Laura Vanderkam, pendant sept jours. Compte rendu.

Sonia Lupien

Fondatrice et directrice scientifique du Centre d’études sur le stress humain

Enfants : deux grands ados

Heures travaillées : entre 40 et 45 par semaine

Sur une échelle de 1 à 10, où 10 indique un sentiment absolu de débordement : « 7 »

Sonia Lupien ne le cache pas : elle n’aime pas beaucoup ce genre d’approche « universelle », de recette pour tous, et autres secrets pour changer nos vies. Car rien ne dit que tout cela serve à nous déstresser collectivement. Au contraire. « La meilleure façon de stresser quelqu’un, c’est de lui dire : “calme-toi !” »

Mettre une activité spéciale à l’agenda ? « Le côté impératif, ça me stresse encore plus ! », dit-elle. Passer du temps avec ses proches ? « Ça dépend vraiment des amis et de la famille. »

Cela étant dit, il faut dire que la chercheuse pratique déjà une série des astuces suggérées ici. Mais pas aveuglément. Plutôt à des moments précis de stress aigu, à savoir à chaque changement de saison (là où les tâches, changements de pneus et rencontres de parents, s’accumulent). Le reste du temps ? « Pantoute, je n’en ai pas besoin ! »

Elle ne regarde jamais la télé (pas de perte de temps sur ce plan, donc), savoure les belles choses qui passent (« chaque fois que mon cerveau perçoit quelque chose de beau, je m’arrête ») et sait déjà qu’il est impératif de ne pas mettre trop de choses à l’horaire – elle réduit rigoureusement 20 % de son agenda quatre fois par année (« sinon, mon bucket à stress va être trop plein »).

Quant à la question d’investir, en faisant des choix conscients pour moins courir, elle ne peut qu’approuver. « Ce n’est pas toujours facile, mais ça revient à cette idée de toujours tirer une opportunité dans l’adversité. » Pour en finir avec son stress d’arriver en retard à son cours à l’université, Sonia Lupien part désormais deux heures d’avance.

La meilleure astuce ? L’idée de cesser de se plaindre, conclut-elle. « C’est la meilleure suggestion, je trouve. Parce que les gens n’ont aucune idée à quel point ils se font du mal en se plaignant. Ruminer, c’est produire des hormones de stress qui font du tort ! »

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