La presse à Toronto

Le quartier de toutes les données

Véhicules autonomes, robots vidangeurs, capteurs en tous genres : un projet de ville intelligente piloté par une société sœur de Google à Toronto suscite autant de crainte que d’espoir. Soutenu par tous les ordres de gouvernement en Ontario, le projet baptisé Sidewalk Toronto explore aussi bien les limites de la technologie que la place du numérique dans nos vies.

UN REPORTAGE DE JEAN-SÉBASTIEN GAGNON

Quelles technologies pourraient y être testées ?

Voitures autonomes

Quayside pourrait devenir le premier quartier au monde où ne circuleront que des véhicules autonomes.

Sidewalk Labs envisage l’utilisation autant de voitures, de vélos motorisés que de minibus de six à douze places, tous pilotés grâce à l’intelligence artificielle.

« Nous pourrions doubler la taille des espaces verts en réduisant le besoin pour des places de stationnement destinées aux voitures privées », a dit le président de Sidewalk Labs, Dan Doctoroff, lors d’une récente séance de clavardage sur Reddit.

Robots vidangeurs

Plus besoin de bennes à ordures ! Sidewalk Labs propose de construire sous les immeubles du quartier Quayside des canaux qui permettront le passage aussi bien du filage électrique, de la fibre optique et du réseau de distribution d’eau que des robots servant à transporter des colis ou cueillir les ordures ménagères.

« Plusieurs usines au Canada et aux États-Unis sont équipées de la sorte, dit Rit Aggarwala. La société Clearpath, de Waterloo en Ontario, en fabrique et a alimenté une bonne part de nos réflexions à ce sujet. »

Services sociaux numériques

« Une communauté qui se veut complète requiert des services locaux robustes, incluant des écoles et des librairies, des soins de santé et des garderies, avance le plan directeur de Sidewalk Labs.

« La plateforme numérique d’innovation urbaine de Sidewalk peut aider à rendre ces services plus flexibles, et mieux adaptés aux besoins des individus. »

Sidewalk Labs cite notamment sa division Care Lab, spécialisée dans la gestion des données reliées aux services sociaux, et la filiale d’Alphabet Cityblock Health, qui a pour mission d’améliorer la prestation des soins de santé aux populations urbaines défavorisées.

La ville de l’avenir ?

TORONTO – Campé à l’extrême ouest du port de Toronto, au pied du centre-ville, le secteur Quayside ne fait qu’un demi-kilomètre carré.

Quartier industriel défraîchi, bâti sur d’anciens marais, Quayside jouxte des terrains contaminés abandonnés par les grandes pétrolières au cours des années 80.

En octobre dernier, pourtant, l’annonce d’un plan de revitalisation de ce minuscule secteur riverain, qui ne couvre que trois pâtés de maisons, a déchaîné les passions en Ontario, dans un mélange de crainte et d’espoir.

« Ce projet est l’occasion de déployer tout notre talent afin de s’attaquer aux plus grands défis qu’affrontent les villes du monde entier », a alors dit la première ministre de l’Ontario Kathleen Wynne, devant un parterre composé de son homologue fédéral Justin Trudeau, du maire de Toronto John Tory… et du PDG d’Alphabet Eric Schmidt.

C’est que Waterfront Toronto, une organisation paramunicipale relevant des trois ordres de gouvernement, a confié à la société mère de Google le soin de faire de Quayside un modèle inédit de développement urbain écologique, abordable et technologique.

Véhicules autonomes, logements modulaires permettant à ses 5000 résidants d’accroître rapidement, facilement et à moindre coût la taille de leur domicile, capteurs omniprésents qui mesurent la consommation d’énergie ou la qualité de l’air, collecte robotisée des ordures ménagères, feux de circulation intelligents : la soumission déposée par Sidewalk Labs, la filiale d’Alphabet chargée de ce projet, dépeint une ville intelligente comme il n’en existe nulle part en Occident.

« Le mandat qui nous est donné, c’est de viser la lune en matière de technologie urbaine. »

— Rit Aggarwala, chef des systèmes urbains chez Sidewalk Labs

S’inspirant du succès connu par la plateforme Android de Google, Sidewalk Labs envisage le futur quartier comme une « ville avec un système d’exploitation », et se voit offrir « une infrastructure ouverte » qui permettra aux citoyens comme aux entreprises de modeler et d’utiliser le quartier selon leurs besoins.

« Prenez l’exemple d’un téléphone intelligent, dit Rit Aggarwala. Il n’y a rien de plus commun, on en produit des millions par année, ils sont tous identiques, ajoute-t-il. Or, dans l’heure qui suit son achat, votre téléphone devient totalement différent du mien, par ses réglages ou les applications que vous téléchargez.

« Une ville doit ainsi être dessinée pour que les gens qui y vivent, qui y travaillent et la visitent puissent la modifier selon leurs besoins, rapidement, à faible coût et idéalement en ne produisant aucun déchet. Ainsi, elle devrait devenir vraiment authentique peu de temps après sa construction. »

Après avoir créé le parc High Line et le service d’accès internet sans fil LinkNYC à New York, Sidewalk Labs s’attaque pour la première fois à Toronto à un projet de ville intelligente de grande ampleur, de sa conception à sa réalisation la plus complète.

« Pour être honnête, notre modèle d’affaires est quelque chose que l’on construit au fur et à mesure, dit Rit Aggarwala. Nous nous sommes basés sur l’idée qu’avec un tel emplacement, un tel niveau d’ambition, dans une ville géniale qui connaît une forte croissance économique, on devrait nécessairement pouvoir générer de la valeur. »

« Que l’on devienne un promoteur ou un gestionnaire immobilier, c’est une possibilité. Bien sûr, il y a aussi l’option de développer de nouveaux produits technologiques que nous pourrions éventuellement exporter. »

Le futur quartier de Google

La filiale d’Alphabet s’est donné un an pour produire, à l’aide d’un investissement initial de 50 millions de dollars, un plan directeur qui sera soumis aux Torontois, et qui devra être approuvé par les trois ordres de gouvernement qui contrôlent Waterfront Toronto. Les premiers résidants pourraient s’y installer d’ici 2022, selon certaines estimations.

Ottawa espère faire du quartier, où Google s’est engagé à déménager son siège social canadien, un centre d’excellence en matière d’innovation urbaine. Le fédéral a aussi promis, conjointement avec la Ville de Toronto et la province, un investissement de 1,25 milliard pour protéger l’ensemble du secteur portuaire contre les inondations.

Si le projet d’Alphabet est un succès, les 800 acres de terres essentiellement publiques qui forment le port de Toronto et ses environs – l’un des plus grands secteurs industriels sous-développés en Amérique du Nord – pourraient être aménagés de la même façon, et accueillir des dizaines de milliers de personnes.

« La plus grande mesure de succès serait que ce projet devienne un modèle de développement urbain pour le monde entier », dit Meg Davis, directrice du développement de Waterfront Toronto.

L’éternel spectre de Big Brother

TORONTO — Qu’ils surfent sur l’internet ou marchent dans la rue, les futurs résidants du projet Sidewalk Toronto risquent d’être mesurés, captés et enregistrés comme peu de citoyens l’ont jamais été.

Le projet soumis par Sidewalk Labs, une société sœur de Google, pour la revitalisation du secteur Quayside à Toronto regorge d’innovations technologiques. Des capteurs qui détectent les places de stationnement disponibles, ajustent le fonctionnement des feux de circulation au déplacement des piétons, mesurent la détérioration des immeubles ou même la composition des bacs de recyclage : ce quartier du futur sera, selon le président de Sidewalk Labs Dan Doctoroff, « la première vraie ville du XXIe siècle ».

« Sidewalk s’attend à ce que Quayside devienne la communauté la plus mesurable au monde. Nulle part ailleurs les chercheurs en innovation urbaine n’auront-ils accès à une plateforme offrant des données aussi fiables et standardisées. »

— Extrait du document de présentation de l’entreprise

« Chaque fois que quelqu’un doit interagir avec un gouvernement, un fournisseur de services, ou même avec l’immeuble qu’il habite, il y a échange de données », dit en entrevue à La Presse Rit Aggarwala, chef des services urbains de Sidwewalk Labs.

« Et chacune de ces interactions est une occasion d’utiliser la technologie pour la rendre plus efficace. »

À l’ère des scandales au sujet de Facebook et de Cambridge Analytica quant à l’utilisation des données personnelles, ce type d’entente inédit entre une société paramunicipale et une entreprise privée a inquiété un peu tout le monde à Toronto, dit Cynthia Wilkey, coprésidente du West Don Lands Committee, un groupe de citoyens qui milite pour un développement urbain inclusif et écologique à Toronto.

« Quel type de données seront amassées, de quelle façon, à qui appartiennent les données, où sont-elles hébergées, à quoi servent-elles : ces questions sont soulevées par tous les projets de ville intelligente », dit Pamela Robinson, qui enseigne la planification urbaine à l’Université Ryerson de Toronto.

Mais l’ampleur du projet présenté par Alphabet dans la Ville Reine pousse ce débat encore plus loin, disent plusieurs personnes interviewées par La Presse dans le cadre de ce reportage.

« Google est de loin l’entreprise qui cumule le plus de données personnelles au monde », dit Carl Rodrigues, un entrepreneur techno de Mississauga, en Ontario, qui est intervenu régulièrement dans les médias au sujet du projet de Sidewalk Labs.

« Nous nous servons tous de son moteur de recherche, la plateforme Android équipe plus de 80 % des téléphones sur la planète… Que vous utilisiez Google Docs pour télécharger vos photos ou le service de courriel Gmail, ils scannent tout à propos de vous. »

— Carl Rodrigues

« Et maintenant, nous nous apprêtons à leur fournir un nouveau type d’information dès que nous ferons simplement une marche dans le quartier avec notre famille. »

Le fait que l’entente entre Waterfront Toronto et Sidewalk Labs ait été conclue derrière des portes closes alimente aussi les craintes.

Il est particulièrement troublant « que le conseil non élu de Waterfront Toronto ait choisi de garder ce contrat secret afin que les citoyens ne puissent pas savoir comment une entreprise a l’intention de recueillir et utiliser des données dans le but d’imposer des loyers et manipuler le comportement de ses résidants », a écrit Jim Balsillie, cofondateur de Research in Motion, dans une lettre ouverte publiée dans le Toronto Star en janvier.

« Les citoyens de Toronto ont peur que les ressources d’Alphabet ne surpassent celles de la Ville, que leurs représentants ne soient plus malins que les élus municipaux », ajoute Cynthia Wilkey, du West Don Lands Committee.

« Pour nous, Toronto est l’exemple à ne pas suivre », a résumé à La Presse le responsable du dossier Ville intelligente à Montréal, François Croteau, le mois dernier.

« On a tous Big Brother en tête et on ne veut pas y arriver. »

La capitale de la confidentialité

« L’idée selon laquelle ce projet sera en fait une vaste banque d’informations, que c’en est la réelle valeur économique, ce n’est pas l’objectif », tempère Rit Aggarwala, de Sidewalk Labs.

Il estime que les citoyens torontois craignent particulièrement qu’Alphabet puisse utiliser leurs données à des fins publicitaires.

« Nous avons dit à plusieurs reprises que nous n’avons aucun intérêt à revendre des informations personnelles en vue de créer des publicités, dit-il. Si nous ne pouvons pas créer un nouveau quartier, en particulier dans une grande économie comme celle de Toronto, sans s’appuyer sur des revenus publicitaires, il y a quelque chose que nous ne faisons pas correctement. »

La firme a embauché l’ex-commissaire à la vie privée de l’Ontario, Ann Cavoukian, pour la conseiller dans ses pratiques.

« Je les ai prévenus que je les talonnerais sans cesse pour que ce quartier devienne la capitale intelligente de la confidentialité, pas celle de la surveillance. »

— Ann Cavoukian

« Dès l’instant où ils ne feront pas ce que je leur dis, je vais me retirer », prévient Mme Cavoukian, qui est aujourd’hui directrice de l’Institut de l’Université Ryerson sur la confidentialité et les données massives.

Un citron trop pressé

Palpable à la lecture des quotidiens torontois, l’inquiétude semble s’estomper peu à peu au sein de la population quant à l’utilisation des données personnelles à l’intérieur de ce quartier du futur.

Alors qu’elles apparaissaient en tête de liste des sujets soulevés lors d’une consultation publique tenue en novembre dernier, les questions sur la confidentialité des données étaient quasi absentes lors d’un exercice semblable organisé par Sidewalk Labs et Waterfront Toronto au début du mois de mai, les préoccupations quant à la construction de logements abordables, dans une ville où un condo de 1000 pi2 peut facilement se vendre 1 million de dollars, venant loin devant.

« Le citron a été pressé jusqu’à la pulpe à ce sujet », dit Paul Bedford qui, à titre de planificateur en chef à la Ville de Toronto dans les années 2000, a présidé à la rédaction du plan directeur derrière le développement du secteur riverain de la Ville Reine.

« Toronto est sur le point de franchir la barre des 3 millions d’habitants, dit-il. Et tout le monde veut vivre au centre-ville.

« Sidewalk Labs doit comprendre ce qu’est l’ADN de Toronto si elle veut obtenir l’appui de ses citoyens. Au fond, ces derniers n’aspirent qu’à une bonne qualité de vie, en ville, à un coût abordable. »

Pourquoi Toronto ?

Qui est Sidewalk Labs et pourquoi a-t-elle choisi Toronto ? Quelques éléments de réponse.

« Lorsque nous avons vu l’appel d’offres lancé par Waterfront Toronto, nous avons stoppé tous nos autres projets pour nous y consacrer à 100 % », dit Rit Aggarwala, chef des systèmes urbains de Sidewalk Labs.

La société établie à New York voit un potentiel important dans le caractère cosmopolite et l’esprit d’ouverture de la Ville Reine. Elle rappelle sur son site web que Toronto est la ville qui présente la plus grande diversité culturelle au monde : 51 % de ses résidants sont nés à l’étranger et on y parle 140 langues différentes.

Sa population, déjà la quatrième en importance en Amérique du Nord, est appelée à croître de 35 % au cours des 25 prochaines années. Aussi, plus de 200 000 personnes y travaillent dans le secteur technologique.

La zone portuaire de Toronto représente enfin l’un des plus grands secteurs désindustrialisés en Amérique du Nord. On y retrouve pour l’instant peu de commerces et aucun résidant.

« Ça nous laisse les coudées franches pour tenter des choses nouvelles », dit Rit Aggarwala.

Qui est Sidewalk Labs ?

Sidewalk Labs est une filiale du groupe Alphabet, au même titre que Google, dont les employés sont issus autant de la société derrière le moteur de recherche le plus populaire au monde que d’un groupe d’urbanistes ayant travaillé à la revitalisation de la ville de New York après les attentats du 11 septembre 2001.

Fondée en 2015, elle est derrière la conception du parc High Line, du réseau WiFi LinkNYC et du plan de développement durable de la Ville de New York.

Son président, Dan Doctoroff, est l’ancien PDG de la société d’information financière Bloomberg. Lorsque Michael Bloomberg a été élu à la mairie de New York, il s’est vu confier, à titre de maire adjoint, la responsabilité du développement économique et de la reconstruction post-11-Septembre.

« Notre organisation combine des talents qui n’ont jamais été regroupés dans une seule entreprise auparavant », a dit M. Doctoroff lors d’une récente séance de clavardage sur Reddit.

Qui est Waterfront Toronto ?

La société paramunicipale, qui relève des trois ordres de gouvernement, a été créée au début des années 2000 en vue de restaurer le secteur riverain de Toronto.

« Ça faisait 100 ans qu’il ne se passait rien à ce sujet, parce que la Ville, la province et le gouvernement fédéral n’arrivaient jamais à s’entendre. Les guerres de juridiction empêchaient toute avancée », dit Cynthia Wilkey, coprésidente du West Don Lands Committee, un lobby citoyen de Toronto.

Selon Alex Bozikovic, critique architectural au quotidien Globe and Mail, Waterfront Toronto a démontré depuis 15 ans qu’elle sait être à l’écoute de la population. « Ses dirigeants ont réussi à faire asseoir les trois ordres de gouvernement à la même table et à les amener à coopérer », dit-il.

Présidée par Will Fleissig, un planificateur urbain et promoteur immobilier américain, Waterfront Toronto a notamment piloté la réfection des secteurs Canary District, Corktown Common, Sugar Beach et Queens Quay dans la Ville Reine.

Des entrepreneurs technos s’alarment

L’arrivée d’une société sœur de Google dans le secteur des technologies urbaines au Canada a suscité de vives réactions de la part d’entrepreneurs du milieu techno en Ontario.

Après la publication d’une lettre vitriolique signée par le cofondateur de Research in Motion, Jim Balsillie, dans le quotidien Toronto Star en janvier, d’autres personnalités d’affaires sont montées au créneau pour réclamer l’adoption par le gouvernement fédéral d’une stratégie nationale sur les données massives, avant que de tels contrats soient accordés à des entreprises étrangères.

« Il y a plusieurs entreprises canadiennes qui auraient pu faire aussi bien, sinon mieux que Google dans le cadre de ce contrat », dit Carl Rodrigues, PDG de l’entreprise SOTI Inc., spécialisée dans les logiciels destinés aux appareils mobiles.

« Le problème au Canada – et c’est vrai jusqu’au plus haut niveau du gouvernement –, c’est que tout le monde est amoureux des marques comme Google, Microsoft et Facebook. »

— Carl Rodrigues

Le niveau d’innovation proposé par Sidewalk Labs était de loin supérieur à celui de tous les autres soumissionnaires, croit cependant l’ex-PDG de Waterfront Toronto Mark Wilson, qui siège maintenant au conseil d’experts mis sur pied par Sidewalk Labs pour le conseiller au sujet de sa stratégie numérique.

La liste des entreprises soumissionnaires n’a pas été dévoilée par Waterfront Toronto, qui invoque le secret commercial.

Ouvert à la concurrence ?

À la lecture du plan directeur déposé par Sidewalk Labs, on constate que plusieurs entreprises sœurs de Google pourraient aussi être impliquées dans ce projet.

Le document nomme des filiales comme Semaphore Lab, spécialisée dans la gestion des feux de circulation, Intersection, qui a installé un vaste réseau WiFi dans la ville de New York, ou même CityBlock, dont l’ambition est de redéfinir la prestation de soins de santé grâce à de nouvelles technologies.

Les dirigeants de Sidewalk Labs assurent toutefois qu’ils ont l’intention d’avoir recours, autant que possible, à l’expertise des entreprises technologiques canadiennes.

« Notre société Waymo conçoit des voitures autonomes, dit Rit Aggarwala, chef des systèmes urbains de Sidewalk Labs. Or, est-ce à dire que les rues du quartier ne seront ouvertes qu’aux véhicules de Waymo ? Je n’ai jamais vu de ville, nulle part dans le monde, qui ne soit réservée qu’à Ford ou à Volkswagen. »

Certaines technologies impliquées risquent d’être si novatrices que seule Sidewalk Labs pourra les fournir, admet Meg Davis, directrice du développement de Waterfront Toronto.

« Mais dans tous les autres cas, notre intention est de procéder par appel d’offres. »

Stratégie nationale sur les données massives

Pour plusieurs critiques, le projet Sidewalk Toronto est l’occasion de débattre publiquement de la question des données massives et de ce que les Canadiens souhaitent en faire.

« Les données sont l’actif qui a le plus de valeur aujourd’hui, dit Ben Bergen, directeur général du Conseil des innovateurs canadiens, une coalition formée de PDG d’entreprises technologiques. Nous avons besoin d’une stratégie nationale qui valorise cet actif et en fait un facteur de richesse pour l’économie canadienne. »

Pour l’auteure et militante Bianca Wylie, c’est tout le cadre législatif au sujet de la création, de la gestion et de la propriété des données qui doit être revu.

« Nos lois et politiques n’ont pas été créées pour encadrer un projet tel que Sidewalk Toronto, dit celle qui a notamment fondé Civic Tech Toronto et Tech Reset Canada. Elles tournent toutes autour du concept des données privées, celles générées par les individus quand ils surfent sur l’internet, utilisent un appareil mobile, etc.

« Or, ce qu’il faut faire dès maintenant, puisqu’on parle d’une ville entière, c’est envisager les données comme un bien public. »

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