Desjardins « n’est pas un service public », dit son président
QUÉBEC — N’en déplaise à ceux qui critiquent la fermeture de points de services et de guichets automatiques en région, Desjardins « n’est pas un service public », a affirmé son président, Guy Cormier, hier.
Le grand patron de la coopérative était attendu de pied ferme à l’Assemblée nationale, où une commission parlementaire s’est penchée sur l’accès aux services financiers de proximité à l’extérieur des grands centres.
Desjardins se trouve au cœur de cet enjeu : l’entreprise est critiquée depuis plusieurs mois parce qu’elle multiplie les fermetures de comptoirs et de guichets automatiques dans des communautés rurales.
M. Cormier a défendu la stratégie de l’entreprise.
« On ne peut pas faire porter à Desjardins tout le poids des services financiers dans l’ensemble du Québec, sur l’ensemble du territoire, a déclaré M. Cormier. On est une coopérative qui dessert 4,3 millions de membres et qui est là pour gérer la coopérative. Ce n’est pas un service public, Desjardins. »
91 % en ligne
La raison pour laquelle Desjardins ferme des guichets automatiques en région est simple, a expliqué M. Cormier au terme de son témoignage.
« Les gens ne les utilisent plus. C’est juste ça », a-t-il résumé.
Aujourd’hui, 91 % des transactions chez Desjardins sont effectuées sur ordinateur, téléphone ou tablette. Les transactions au guichet ne représentent que 7 % du volume et celles au comptoir, 2 %. En 2001, 31 % des transactions étaient effectuées au guichet et 12 % au comptoir.
Il faut donc s’attendre à ce que les fermetures se poursuivent, a convenu M. Cormier.
« On va s’adapter à la façon dont les gens consomment les services financiers, a-t-il dit. […] Aujourd’hui, 90 % du temps, les gens nous disent qu’ils ne veulent pas aller à un guichet ni à un point de services. »
Présent dans les régions rurales
Du reste, Desjardins compte presque autant de points de service au Québec que toutes les autres institutions financières réunies, a noté M. Cormier. L’enseigne exploite entre autres 75 % des établissements financiers dans les régions rurales de la province.
Les élus qui ont questionné M. Cormier ont salué l’empreinte de Desjardins dans les régions. Mais ils lui ont également fait part du grand mécontentement de leurs électeurs par rapport à la fermeture de points de service et de guichets.
« Pour les gens de chez nous, pour les gens de ces municipalités, c’est eux qui vous ont construit à la sueur de leur front et à la sueur de leurs bras, a déploré le député libéral Marc H. Plante, qui représente Maskinongé, en Mauricie. […] C’est très difficile parce que la fermeture du point de services va suivre la fermeture de l’église à côté, du salon funéraire et du dépanneur. »
« Présentement, 40 % des transactions se font en argent comptant. Si on oblige les gens à aller chercher l’argent à 30 ou à 40 km, on a un problème. »
— Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités
Nombre de points de services de Desjardins
2012 : 1294
2018 : 1032
Nombre de guichets automatiques de Desjardins
2012 : 2507
2018 : 2049