Politique

Maxime Bernier lance le Parti populaire du Canada

Le député de Beauce, Maxime Bernier, a annoncé hier que la formation politique de droite qu’il lance s’appellera le Parti populaire du Canada (PPC). À 12 mois des élections fédérales, il promet de brasser la cage en jetant aux orties la rectitude politique et en proposant un gouvernement minceur à Ottawa.

OTTAWA — Trois semaines après avoir claqué la porte du Parti conservateur – une formation dont il a porté les couleurs durant les quatre dernières élections fédérales – , M. Bernier a jeté les premières bases de son parti politique qui aura son siège social à Gatineau, dans l’Outaouais, et qui comptera un candidat ou une candidate dans chacune des 338 circonscriptions du pays au scrutin prévu en octobre 2019.

Le PPC devrait aussi présenter des candidats aux élections partielles qui auront lieu au cours des prochains mois, notamment dans la circonscription d’Outremont au Québec, vacante depuis la démission de l’ancien chef du Nouveau Parti démocratique Thomas Mulcair cet été, et Leeds–Grenville–Thousand Islands, en Ontario, également vacante depuis la mort du député conservateur Gord Brown.

Le programme politique du PPC repose en grande partie sur les thèmes que Maxime Bernier a défendus durant la course à la direction du Parti conservateur qu’il a perdue de peu aux mains d’Andrew Scheer en 2017, notamment l’abolition de la gestion de l’offre pour le lait, les œufs et la volaille, la fin des subventions aux entreprises et une réforme du programme de péréquation qui pourrait chambouler les finances publiques du Québec.

« On n’a pas peur des tabous »

« Pourquoi ce nom ? Parce qu’il est temps que le gouvernement accorde la priorité aux Canadiens ordinaires lorsqu’ils prennent des décisions et établissent des politiques. Il est temps de remettre le pouvoir entre les mains des gens », a dit d’emblée M. Bernier en conférence de presse, hier.

« Pendant trop longtemps, la politique canadienne a été prise en otage par des groupes de pression, des cartels, des lobbies des organisations internationales, par les intérêts d’entreprises ou de syndicats et les intérêts de politiciens et bureaucrates d’Ottawa, déconnectés des citoyens ordinaires. »

— Maxime Bernier

M. Bernier, qui a déjà dénoncé son ancienne formation politique en la qualifiant de corrompue sur le plan moral et intellectuel, a dit avoir reçu des milliers de messages d’appui au cours des dernières semaines et avoir recueilli 140 000 $ en dons.

« On fait de la politique différemment. On n’a pas peur de la mauvaise presse une journée parce qu’on a dit quelque chose. On n’a pas peur des tabous. Il n’y en a plus, de tabous. On dit ce que l’on pense. C’est ce que les gens aiment et apprécient », a-t-il dit.

Devant les journalistes, le chef du PPC a promis un débat vigoureux sur l’immigration au pays. Il se dit pour le fait d’accueillir davantage d’immigrants économiques, mais il croit nécessaire de réduire le nombre de réfugiés et le nombre d’immigrants qui sont admis dans le cadre du programme de réunification des familles.

Multiculturalisme

Hier, M. Bernier a de nouveau critiqué la « diversité à outrance » et « le multiculturalisme à l’extrême » du gouvernement Trudeau. « Je pense qu’on a le droit de questionner le multiculturalisme à l’extrême. C’est une philosophie politique. »

« Je veux que le Canada continue d’accueillir des immigrants et que ces gens puissent s’intégrer à la société canadienne. […] Au lieu du culte de la diversité à outrance, on devrait faire la promotion de ce qui nous unit au Canada. »

— Maxime Bernier

Et pour s’assurer que les nouveaux arrivants épousent les valeurs canadiennes, M. Bernier n’écarte pas l’idée d’imposer un test de valeurs. « C’est une des solutions », a-t-il dit, sans offrir plus de détails. Il dit défendre un « populisme intelligent » qui s’appuie « sur des réformes sérieuses et nécessaires au Canada » et rejette les comparaisons avec les Donald Trump ou Doug Ford de ce monde.

« Nous sommes un parti qui est quand même une coalition – une coalition de gens qui sont désabusés des politiciens traditionnels qui disent une chose un jour et le contraire le lendemain. Nous faisons de la politique de façon authentique et nous avons le courage de nos convictions. Il y a des débats qui doivent se faire au Canada et nous allons les faire », a-t-il affirmé.

M. Bernier a dit que son nouveau parti réussira à attirer des libéraux déçus de la gestion des finances publiques du gouvernement de Justin Trudeau, des militants du Nouveau Parti démocratique qui veulent la fin des subventions aux entreprises et les « vrais conservateurs ».

Les conservateurs peu inquiets

Le Parti conservateur affirme que le nouveau parti fondé par Maxime Bernier ne change rien à son plan d’action. « En démocratie, tout le monde peut faire ce qu’il veut. Ça ne change strictement rien à notre plan de match. Notre plan de match, c’est d’être l’alternative sérieuse à Justin Trudeau. Dans un an, les Canadiens vont se poser la question : est-ce que l’on veut encore avoir Justin Trudeau pendant quatre ans ou on veut Andrew Scheer et les conservateurs au gouvernement ? Les gens sont toujours avec nous. Aujourd’hui même, on a eu l’assermentation de Richard Martel comme député de Chicoutimi–Le Fjord. Ça, c’est une vraie victoire, avec des vraies gens qui ont voté dans une vraie élection qui a donné un vrai député conservateur au Québec », a dit le député Gérard Deltell. — Joël-Denis Bellavance, La Presse

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