Deuxième vaguE
Je suis inquiet, et vous ?

Tout comme moi, vous avez sans doute entendu que plusieurs infirmières et infirmiers quittent leur poste dans les établissements de santé du Québec.

Ce mouvement touche particulièrement la région de Montréal, qui a été fort éprouvée par la première vague de la pandémie de COVID-19. Sans nous tromper, nous pouvons donc dire que la profession infirmière a un urgent besoin de reconnaissance. Nous le savons : la deuxième vague est déjà parmi nous, mais cette fois, la COVID-19 frappera partout dans la province. Certaines régions sont déjà aux prises avec des ruptures de service. Par conséquent, nous devons agir collectivement afin de préserver l’accès aux soins.

À titre de président du plus grand ordre professionnel du Québec réunissant plus de 78 000 infirmières et infirmiers, dont 85 % œuvrent dans le réseau de la santé, je suis inquiet ! Je me soucie beaucoup de l’état de santé et d’esprit de mes collègues infirmières et infirmiers, ces professionnels de la santé que nous avons tant chéris collectivement au printemps dernier, allant jusqu’à leur donner le titre d’anges gardiens.

En fait, je le mentionne, ce ne sont pas des anges gardiens, mais bel et bien des professionnels de la santé possédant une expertise unique et essentielle en matière de soins de proximité.

Notre mandat de protection du public m’interpelle sérieusement aujourd’hui. C’est pourquoi je m’adresse à la population en général en l’invitant à prendre soin à sa manière des équipes soignantes, c’est-à-dire en adhérant aux consignes de la santé publique, de sorte que la prestation de soins de qualité et sécuritaires se poursuive sans heurts.

Préserver l’accès aux soins : une priorité collective

Avons-nous oublié tous les sacrifices réalisés par les infirmières et infirmiers ? Vie familiale perturbée, éloignement de leurs proches de peur de les contaminer, obligation de travailler à temps plein sans égard au contexte personnel, congés reportés, vacances écourtées et autres conséquences et inquiétudes générées par la pandémie. Les équipes soignantes en ont été extrêmement touchées ; leur santé mentale a quant à elle été mise à rude épreuve par les nombreuses morts de patients qu’elles avaient la responsabilité de soigner. Certains ont fait mention du chaos régnant dans certains établissements de santé ; je ne vous apprends rien, les différentes enquêtes en cours feront bientôt la lumière là-dessus.

Cette situation porte à réfléchir. Attention, je ne dis pas que la pandémie qui sévit dans le monde n’a pas de conséquences sur le quotidien des autres citoyens. Bien au contraire, nous avons été, nous sommes et nous serons encore tous frappés à différents degrés par ce fléau. Il est d’autant plus important de prendre soin de nos équipes soignantes et de les protéger.

J’entends déjà les commentaires : « On n’y peut rien, on n’a pas les leviers entre les mains, c’est au gouvernement d’y voir, c’est au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, d’agir. » Vous avez raison en partie seulement et déjà, à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, on collabore activement avec le ministre pour améliorer l’accès aux soins alors qu’une deuxième vague est de plus en plus probable.

Tous une part de responsabilité

Avons-nous oublié que tous autant que nous sommes avons le levier le plus important entre les mains pour combattre la pandémie : notre comportement ?

Plusieurs régions se trouvent déjà dans un état d’alerte modérée en raison de citoyens qui, en plus de ne pas suivre les consignes de distanciation physique et de port du masque obligatoire quand la distanciation est impossible, ont participé à des évènements de plus de 10 personnes dans des résidences privées en dépit de l’interdiction.

Nous avons individuellement la responsabilité de respecter les consignes afin de ne pas perdre les infirmières et infirmiers, encore au rendez-vous dans les établissements de santé. On l’oublie sans doute, mais le non-respect des consignes représente un pied de nez à leur endroit.

Si nous voulons vraiment montrer notre reconnaissance aux intervenants du réseau de la santé et des services sociaux, commençons par être des citoyens dont les comportements favorisent la santé publique et témoignent de respect non seulement envers eux, mais également envers nos proches.

Dans le contexte où ce sont nos comportements collectifs qui influent sur notre avenir, nous devons agir ensemble pour préserver la santé et la qualité de vie de ceux que nous aimons, de notre voisinage, de nos collègues de travail et de nos soignants !

Nos professionnels de la santé ont besoin de notre reconnaissance. En ces temps difficiles, elle doit s’exprimer invariablement par le respect des consignes de la santé publique.

Je vous remercie d’adopter des comportements qui sauveront des vies !

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