Demi-Ironman Mont-Tremblant

Sans limites

Dans le cadre de la septième édition du demi-Ironman de Mont-Tremblant, qui a lieu aujourd’hui, nous vous présentons le dernier de quatre portraits de participants amateurs qui seront, fébriles, sur la ligne de départ.

Mont-Tremblant — Maintes et maintes fois, on a répété à Anne-Sophie Brunetta qu’elle n’y arriverait pas. Née sans son avant-bras gauche, la jeune femme parlait de son désir de faire du triathlon. Son entourage, d’abord étonné, se montrait très sceptique. « Ne laissez pas les autres vous imposer vos limites », insiste-t-elle. Paratriathlète depuis deux ans, elle ne vise rien de moins qu’un podium aujourd’hui.

Dans sa zone de transition, on trouve un vélo adapté, une paire de souliers de course et… deux avant-bras ! Elle enfile une prothèse pour le vélo et, ensuite, une autre pour la course à pied. « En raison du stress, j’ai déjà oublié de changer de prothèse, mais ce n’est pas dramatique. Elles sont semblables, c’est surtout une question de confort », dit-elle en riant.

L’idée de faire du triathlon a germé dans sa tête il y a quelques années, alors qu’elle était spectatrice du demi-Ironman, ici même à Mont-Tremblant. « Je voyais tous ces gens franchir la ligne d’arrivée et je voulais en faire partie. J’ai toujours été sportive. Mais avec un seul bras, j’ai cru que ce ne serait peut-être pas possible. Puis, j’ai vu arriver des participants aveugles, d’autres âgés de 75 ans ou en surpoids. S’ils y arrivent, pourquoi je ne pourrais pas au moins essayer ? »

La première fois

Hésitante, elle a participé à un premier triathlon (distance olympique) en 2016. « Je nage sans prothèse, à un seul bras. Je ne savais pas comment j’arriverais à me débrouiller lors du départ de masse dans l’eau, ça peut être agressif. » Elle s’est débrouillée.

La portion vélo l’inquiétait davantage. « J’avais un vélo de route ordinaire, c’est sensible et réactif. Je ne pouvais pas freiner de l’avant et je ne pouvais changer les vitesses qu’avec ma main droite. C’était un peu plus compliqué. »

Malgré ces difficultés, elle est immédiatement devenue une mordue. En franchissant la ligne d’arrivée, elle n’a pu s’empêcher d’éclater en sanglots. Elle avait réussi, envers et contre tous les préjugés. Depuis, elle prend le triathlon très au sérieux. Finissante en droit, elle s’entraîne au moins 15 heures par semaine.

« Il y a peu de modèles féminins dans le sport. Avec un handicap ? Il n’y en a pratiquement pas ! Je veux montrer qu’avoir une différence, ce n’est pas si grave. On ne doit pas s’empêcher de foncer. »

— Anne-Sophie Brunetta

Depuis l’an dernier, elle roule sur un vélo adapté, conçu spécialement pour elle par la société Argon 18. Elle s’est familiarisée avec les zones de transition (elle reçoit de l’aide pour retirer sa combinaison isothermique), elle a rejoint l’équipe de Bart Coaching, a découvert de petits trucs pour améliorer ses performances. « Mon coach croit énormément en moi, on trouve des solutions ensemble. »

En faisant du triathlon, elle retrouve l’esprit compétitif qui l’a nourrie pendant les 10 ans où elle a fait du ski acrobatique. « La compétition me manquait. Ce que j’aime du triathlon, c’est le dépassement de soi. Quand tu commences par des distances olympiques, le demi-Ironman semble hors d’atteinte. Puis, tu t’entraînes et tu franchis une nouvelle étape. La première fois que tu réussis un 70,3, c’est vraiment spécial ! Le corps est constamment amené à se dépasser, les objectifs sont revus à la hausse. »

Cette première participation au demi-Ironman de Mont-Tremblant sera assurément émotive. C’est ici que son rêve a pris forme. « J’ai commencé à faire du triathlon pour franchir cette ligne un jour dans ma vie. Ce sera spécial de terminer la course devant mes proches. »

L’athlète de Boucherville, qui compétitionnera dans la catégorie Physically Challenged Open Division, aimerait repartir des Laurentides avec une médaille au cou. Mais encore plus important, elle souhaite inspirer des jeunes ayant un handicap à foncer et aller au bout de leurs rêves. « Quand j’étais jeune, je pensais que le sport était inaccessible à ceux qui ont une différence. Je veux montrer que tout est possible. Si j’y arrive, ce sera mission accomplie. »

Demi-Ironman Mont-Tremblant

L’épreuve en chiffres

Une distance totale de 70,3 milles (113 km)

1,9 km de nage, 90 km de vélo, 21,1 km de course à pied

Plus de 3360 athlètes amateurs de 19 pays

46 athlètes professionnels

50 000 $ en bourses

Début de la course : 7 h

Arrivée du gagnant : vers 10 h 45

Délai maximum de 8,5 heures

1300 bénévoles (aujourd’hui)

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